đŸŽ« Comment Faire Un Oeil De Dieu En Vannerie

Lainageet feutre s'associent pour rĂ©chauffer vos dĂ©cors. DĂ©couvrez la technique de la laine feutrĂ©e. Voici une quarantaine de crĂ©ations rĂ©alisĂ©es Ă  partir de feutre, feutrine, laine Lesgrottes prĂ©historiques d’Arcy-sur-Cure. En organisant ce week-end surprise, Benjamin savait qu’en quittant la Puisaye, nous ferions une halte sur la route du retour Ă  Arcy-sur-Cure, une commune non loin d’Avallon. Ce qu’il ne pouvait pas savoir, c’est que ce jour serait le plus chaud du printemps 2022. CHAPITREI; INTRODUCTION A LA SYMBOLIQUE PRÉCOLOMBIENNE: La sociĂ©tĂ© –contemporaine– Ă  laquelle nous appartenons, a conçu l'idĂ©e que Dieu –l'unitĂ© originelle– est une invention de l'homme, quoique certains de ses membres pensent plutĂŽt que la dĂ©itĂ© est une dĂ©couverte humaine qui s'est produite Ă  une certaine Ă©tape de l'histoire.Dans les deux cas Dansl’est de la ville vivait un commandant Ă  la retraite qui, depuis longtemps, nourrissait de l’aversion contre les TĂ©moins de JĂ©hovah, et dont le fils, Ă  son grand dĂ©pit, faisait pourtant partie. Un jour de fĂ©vrier, cet ancien officier a parcouru 160 kilomĂštres jusqu’au domicile de son fils, qui habitait la ville de Nakuru, dans Vannerieet vanniers br approche ethnologique d une activite artisanale en guyane francaise . Construction et restructuration territoriale chez les WayĂŁpi et Teko de la commune de Camopi, Guyane française. by Isabelle Tritsch and damien davy. Download Free PDF Download PDF Download Free PDF View PDF. Langues de Guyane et langues parlĂ©es en Guyane. by AchatL'oeil De Dieu Ă  prix bas sur Rakuten. Si vous ĂȘtes fan de lecture depuis des annĂ©es, dĂ©couvrez sans plus tarder toutes nos offres et nos bonnes affaires exceptionnelles ventede vannerie, meuble en rotin, cadeaux, souvenirs de lyon, soldats de plomb Historique FondĂ© en 1780. Le plus vieux magasin de lyon. Lieux apparentĂ©s. Explorez des lieux similaires : 40 m Goodson. 22 rue Paul Chenavard (Presqu'Ile, Cordeliers, 1er arrondissement) 60 m L’art et crĂ©ation. 3 Rue du platre (Presqu'Ile, Terreaux, 1er arrondissement) 70 m Appoint. 23 Bis rue IldĂ©cida de faire un dĂ©tour pour aller voir ce phĂ©nomĂšne Ă©tonnant et dĂ©couvrir pourquoi le buisson ne brĂ»lait pas. 3:4 Lorsque le Seigneur le vit faire ce dĂ©tour, il l'appela du milieu du buisson: «MoĂŻse, MoĂŻse!» — «Oui?» rĂ©pondit-il. 3:5 «Ne t'approche pas de ce buisson, dit le Seigneur. EnlĂšve tes sandales, car tu te trouves dans un endroit consacrĂ©. 3:6 Je suis le Dieu Retrouvezla premiĂšre partie de la vision de Kerkennah par Leila Ayoub en suivant cette adresse : Clin d'oeil Ă  Kerkennah. Si vous avez lu dĂ©jĂ  cette premiĂšre partie, vous ĂȘtes impatient de lire la suite de cet article Je vous souhaite bonne lecture et nous nous retrouvons Ă  la fin Mon regard sur les Ăźles de Kerkennah Acte 2 Les « machtat » avaient la tache de c9SaNK9. SENS UNIQUE, Walter Benjamin - Fiche de lecture La nostalgie d'Enfance berlinoise prend ici statut de critique sociale La chaleur se retire des choses » parce que le capitalisme n'en a plus besoin, au temps de l'inflation et de la guerre Ă©conomique, pour dissimuler la cruditĂ© des rapports sociaux qu'il engendre. Dire la modernitĂ© Dans Sens unique, que Benjamin nommait sans plaisir son livre d'aphorisme », l'auteur articule une analyse dĂ©sespĂ©rĂ©e de l'illusion sociale, une dramatique eschatologie Si l'Ă©limination de la bourgeoisie n'est pas accomplie avant un moment presque calculable de l'Ă©volution technique et scientifique [. [
] Lire la suiteCONCRÈTE MUSIQUEÉcrit par Antoine GARRIGUES ‱ 1 054 mots C'est d'ailleurs un incident technique, le bouclage d'un son sur lui-mĂȘme, qui est Ă  l'origine de la musique concrĂšte Ă  l'Ă©coute de ce fragment rĂ©pĂ©tĂ© et isolĂ©, Pierre Schaeffer prit conscience qu'il Ă©tait en possession d'un vĂ©ritable objet sonore », susceptible d'ĂȘtre analysĂ©, dissĂ©quĂ©, transformĂ©. Le terme de musique concrĂšte est Ă  comprendre en opposition Ă  la musique abstraite, apanage des compositeurs de musique instrumentale. [
] Lire la suiteESTHÉTIQUE Vue d'ensembleÉcrit par Daniel CHARLES ‱ 1 609 mots L'art est, certes, affaire de mĂ©tier, donc de technique. Mais la technĂš des Grecs ne dĂ©signe jamais en premier lieu le mĂ©tier artisanal le mot vise le savoir par lequel l'homme s'assure une place dans la nature physis en mettant au jour, soit sous les espĂšces d'un ustensile artisanal, soit sous celles d'une Ɠuvre d'art, quelque chose de dĂ©jĂ  prĂ©sent au sein de la nature elle-mĂȘme. [
] Lire la suitePSYCHANALYSE thĂ©ories et pratiquesÉcrit par Jacques SÉDAT ‱ 6 689 mots ‱ 1 mĂ©dia Chacun est seul face Ă  l'analyste qui seul peut fonder ma subjectivitĂ© solipsiste dans une asocialitĂ© qui mĂ©connaĂźt le temps de l'histoire. C'est le temps du mythe qui ne peut en aucun cas s'analyser, puisqu'il assigne aux humains leur place dans le monde. Winnicott s'explique ainsi par rapport au systĂšme de Melanie Klein, dans une lettre Ă  Joan RiviĂšre Vous laissiez entendre que le systĂšme de pensĂ©e avait tout recouvert, de telle sorte qu'il n'y avait plus rien Ă  faire qu'Ă  Ă©largir l'application de ses thĂ©ories. [
] Lire la suiteCRITIQUE ARCHITECTURALEÉcrit par ValĂ©rie DEVILLARD, HĂ©lĂšne JANNIÈRE ‱ 5 199 mots Dans la presse tant spĂ©cialisĂ©e que grand public, la critique mĂȘle des textes de cĂ©lĂ©bration de l'Ɠuvre et de son auteur Ă  la description technique et Ă  l'analyse formelle du bĂątiment ou du projet, aux textes thĂ©oriques, aux prises de position doctrinales, ou encore aux chroniques de l'actualitĂ© professionnelle. Au flou de la dĂ©finition de la critique d'art, Ă  ses relations souvent controversĂ©es avec l'histoire et la thĂ©orie de l'art, s'ajoute en effet pour la critique architecturale une difficultĂ© liĂ©e aux multiples cadres esthĂ©tique, technique, Ă©conomique dans lesquels s'inscrit l'architecture. [
] Lire la suiteZWEIG STEFAN 1881-1942Écrit par Jacques LE RIDER ‱ 1 890 mots ‱ 1 mĂ©dia Le 23 fĂ©vrier 1942, il se donna la mort, en mĂȘme temps que son Ă©pouse, Ă  PĂ©tropolis, dans les environs de Rio de Janeiro. Il avait eu le temps de terminer en 1941 deux chefs-d'Ɠuvre ses mĂ©moires intitulĂ©s Le Monde d'hier, une Ɠuvre indispensable Ă  tous ceux qui veulent connaĂźtre la civilisation viennoise du dĂ©but du xxe siĂšcle et la vie littĂ©raire europĂ©enne ; et Le Joueur d'Ă©checs, une de ses nouvelles les plus denses et les plus achevĂ©es. [
] Lire la suiteBOÈCE 480-524Écrit par Pierre HADOT ‱ 1 463 mots Le mode de connaissance, en effet, est relatif au sujet qui connaĂźt Dieu voit les futurs contingents selon son mode d'existence Ă  lui, qui est l'Ă©ternitĂ© il possĂšde entiĂšrement dans le prĂ©sent l'infinitĂ© des moments du temps. La prescience ne transforme donc ni la nature ni les propriĂ©tĂ©s des choses. Dieu voit Ă  la fois ce qui doit arriver nĂ©cessairement et ce qui doit arriver librement. [
] Lire la suiteOBSERVATOIRE DE PARISÉcrit par James LEQUEUX ‱ 1 400 mots ‱ 3 mĂ©dias Une de ses spĂ©cialitĂ©s est la mesure trĂšs prĂ©cise du temps, indispensable notamment au GPS Global Positioning System. Les recherches se font en relation avec les physiciens et les chimistes universitaires et industriels. Elles ont souvent des retombĂ©es pratiques, par exemple en mĂ©decine pour l’examen dĂ©taillĂ© de l’Ɠil. Ainsi, c’est une nouvelle technique appelĂ©e optique adaptative qui corrige les imperfections optiques de l’Ɠil, permettant ainsi d’obtenir une image parfaite de la rĂ©tine, de mĂȘme qu’elle permet d’obtenir d’excellentes images astronomiques malgrĂ© la turbulence de l’atmosphĂšre terrestre. [
] Lire la suiteREPRÉSENTATION POLITIQUEÉcrit par LoĂŻc BLONDIAUX ‱ 1 499 mots Dans le mĂȘme temps, la reprĂ©sentation est perçue comme un lieu d'Ă©largissement et d'Ă©puration de l'opinion populaire. Dans un tel systĂšme, Ă©crit James Madison dans le FĂ©dĂ©raliste, il peut fort bien se produire que la volontĂ© publique, formulĂ©e par les reprĂ©sentants du peuple, s'accorde mieux avec le bien public que si elle Ă©tait formulĂ©e par le peuple lui-mĂȘme, rassemblĂ© Ă  cet effet. [
] Lire la suiteTHÉRAPEUTIQUE RadiothĂ©rapieÉcrit par François ESCHWEGE, Maurice TUBIANA ‱ 3 185 mots ‱ 1 mĂ©dia Irradiation interstitielle La technique de l'irradiation interstitielle curiethĂ©rapie consiste Ă  placer au contact ou Ă  l'intĂ©rieur de la tumeur un matĂ©riel radioactif. Initialement, seules Ă©taient utilisĂ©es les aiguilles de radium ; on les a ensuite remplacĂ©es par des radioĂ©lĂ©ments artificiels iridium 192 et cĂ©sium 137 de faibles dimensions et pouvant ĂȘtre employĂ©s sous forme de grains ou de fils souples. [
] Lire la suiteSYMPHONIEÉcrit par Pierre BILLARD ‱ 3 092 mots ‱ 1 mĂ©dia Elle est, pour le musicien, Ă  la fois le signe de la maĂźtrise technique et la consĂ©cration de la rĂ©ussite sociale une somme dans laquelle il a mis toute sa science et quelquefois mĂȘme toute sa philosophie – une sorte de testament musical. Chaque symphonie a des allures de monument. Le temps n'est plus oĂč Haydn pouvait Ă©crire plus de cent symphonies et Mozart une quarantaine en si peu d'annĂ©es. [
] Lire la suiteCHASSE ET CUEILLETTEÉcrit par Alain TESTART ‱ 2 210 mots ‱ 1 mĂ©dia En revanche, la nĂ©cessitĂ© de l'outillage technique se fait sentir dĂšs qu'il s'agit de transporter les produits au camp il faut avoir un rĂ©cipient – de peau, de bois ou de vannerie. Ensuite, la prĂ©paration alimentaire des vĂ©gĂ©taux est souvent longue et complexe. Les graines doivent ĂȘtre rĂ©duites en farine pour ĂȘtre consommĂ©es d'oĂč la nĂ©cessitĂ© des meules. [
] Lire la suiteGRENOBLE JEUX OLYMPIQUES DE [1968] ChronologieÉcrit par Pierre LAGRUE ‱ 1 619 mots Dossard numĂ©ro 1, Guy PĂ©rillat rĂ©alise une course splendide ; mais Jean-Claude Killy, dossard numĂ©ro 14, amĂ©liore son temps de 0,08 s ; cet infime Ă©cart marque le dĂ©but d'un triomphe. La blonde SuĂ©doise Toini trente ans, Ă  la technique remarquable, remporte le 10 kilomĂštres de ski de fond avec 1 min 8,1 s d'avance sur la NorvĂ©gienne Berit MĂžrdre. [
] Lire la suite2014 65e Championnat du monde de formule 1Écrit par Pierre LAGRUE ‱ 1 615 mots Williams-Mercedes, 320 points Les vainqueurs des grands prix Grand Prix d'Australie Nico Rosberg Allemagne, Mercedes Grand Prix de Malaisie Lewis Hamilton Grande-Bretagne, Mercedes Grand Prix de BahreĂŻn Lewis Hamilton Grande-Bretagne, Mercedes Grand Prix de Chine Lewis Hamilton Grande-Bretagne, Mercedes Grand Prix d'Espagne Lewis Hamilton Grande-Bretagne, Mercedes Grand Prix de Monaco Nico Rosberg Allemagne, Mercedes Grand Prix du Canada Daniel Ricciardo Australie, Red Bull-Renault Grand Prix d'Autriche Nico Rosberg Allemagne, Mercedes Grand Prix de Grande-Bretagne Lewis Hamilton Grande-Bretagne, Mercedes Grand Prix d'Allemagne Nico Rosberg Allemagne, Mercedes Grand Prix de Hongrie Daniel Ricciardo Australie, Red Bull-Renault Grand Prix de Belgique Daniel Ricciardo Australie, Red Bull-Renault Grand Prix d'Italie Lewis Hamilton Grande-Bretagne, Mercedes Grand Prix de Singapour Lewis Hamilton Grande-Bretagne, Mercedes Grand Prix du Japon Lewis Hamilton Grande-Bretagne, Mercedes Grand Prix de Russie Lewis Hamilton Grande-Bretagne, Mercedes Grand Prix des États-Unis Lewis Hamilton Grande-Bretagne, Mercedes Grand Prix du BrĂ©sil Nico Rosberg Allemagne, Mercedes Grand Prix d'Abu Dhabi Lewis Hamilton Grande-Bretagne, Mercedes Temps forts La soixante-cinquiĂšme Ă©dition du Championnat du monde de formule 1 voit le rĂšglement technique bouleversĂ©. [
] Lire la suiteBECHER BERND 1931-2007 et HILLA 1934-2015Écrit par Jean-Marc HUITOREL ‱ 1 465 mots ‱ 2 mĂ©dias La prioritĂ© accordĂ©e au rĂ©fĂ©rent – la technique n'Ă©tant que le moyen d'en rendre compte –, l'aspect typologique et documentaire de leur pratique les placent dans la descendance d'un EugĂšne Atget photographiant, au dĂ©but du xxe siĂšcle, les sites et les monuments de Paris, ou d'un August Sander entreprenant, entre les deux guerres, de constituer par le portrait un vaste inventaire de la sociĂ©tĂ© allemande. [
] Lire la suitePÉDAGOGIE Les courants modernesÉcrit par Antoine LÉON ‱ 4 234 mots ‱ 1 mĂ©dia À ce propos, Karl Marx inclut dans tout programme Ă©ducatif la formation intellectuelle, la gymnastique et l' instruction technique qui initie les enfants aux principes fondamentaux de tous les processus de production et, en mĂȘme temps, donne Ă  l'enfant ainsi qu'Ă  l'adolescent l'habitude de se servir des instruments simples de toutes les productions » Premier CongrĂšs de l'Internationale socialiste, 1866. [
] Lire la suiteKINDÄȘ AL- IXe s.Écrit par Jean JOLIVET ‱ 1 446 mots ProtĂ©gĂ© par les califes favorables aux mutazilites al-Ma'mĆ«n et al-MutaáčŁim, KindÄ« tomba en disgrĂące en 848, sous le calife al-Mutawakkil ; sa bibliothĂšque, confisquĂ©e, lui fut toutefois rendue quelque temps avant sa mort. L'adhĂ©sion de KindÄ« au mutazilisme est attestĂ©e en outre par les titres de certains Ă©crits que nous ne possĂ©dons plus, et aussi par plusieurs textes que l'on connaĂźt. [
] Lire la suitePALLAVAÉcrit par Rita RÉGNIER ‱ 1 383 mots ‱ 6 mĂ©dias Selon une tradition tardive, l'un de ses membres s'en serait proclamĂ© le roi en mĂȘme temps qu'il Ă©pousait la fille d'un chef de tribu aborigĂšne. Des chartes sur cuivre Ă©crites en moyen-indien Ă  la fin du iiie siĂšcle de notre Ăšre – premiers documents sur la dynastie – font descendre celle-ci du gotra clan brāhmanique du sage mythique Bharadvāja ; elles indiquent aussi que KāñcÄ« Ă©tait sa capitale et qu'elle dominait alors une partie de l'ancien État Āndhra. [
] Lire la suiteHYPERFRÉQUENCESÉcrit par Louis DUSSON ‱ 9 898 mots ‱ 17 mĂ©dias On a vu apparaĂźtre, en technique radar, des Ă©metteurs Ă  Ă©tat solide Ă  base de transistors de puissance. Ces Ă©metteurs, remplaçant les tubes Ă©lectroniques, fonctionnent en bandes L et S, avec des transistors bipolaires. Ils offrent un temps moyen entre dĂ©faillances Ă©levĂ©, la possibilitĂ© d'utiliser des impulsions larges avec des puissances crĂȘtes suffisantes, donc de bons rendements et de forts taux d'utilisation. [
] Lire la suiteSONARÉcrit par Xavier LURTON ‱ 4 172 mots ‱ 1 mĂ©dia Cette technique a gĂ©nĂ©rĂ© des variantes thermomĂ©trie acoustique pour la surveillance permanente de l'Ă©volution de la tempĂ©rature moyenne des grands bassins ocĂ©aniques dans le cadre des Ă©tudes globales du climat de la planĂšte. [
] Lire la suiteLE LIONNAIS FRANÇOIS 1901-1984Écrit par Jacques ROUBAUD ‱ 1 390 mots Cet art devait englober la totalitĂ© du savoir, se servir du savoir comme de son matĂ©riau ; ce qui explique qu'il n'avait pas le temps, strictement pas le temps de faire des mathĂ©matiques, de devenir un grand joueur d'Ă©checs, d'Ă©crire des romans, de peindre... Quand, Ă  l'une des sĂ©ances de l'Oulipo, l'Ouvroir de littĂ©rature potentielle qu'il avait créé avec Raymond Queneau, il proposait Ă  Perec, Bens, Calvino, Mathews ou Jean Lescure une nouvelle contrainte, nouvelle maniĂšre d'Ă©crire, une structure », il Ă©cartait avec impatience l'idĂ©e d'avoir Ă  en donner un exemple C'est Ă  vous de le faire », disait-il. [
] Lire la suiteCOMMUNICATION Les processus de la communicationÉcrit par Robert PAGÈS ‱ 6 234 mots Bavelas a substituĂ© Ă  une caractĂ©ristique rĂ©gionale l'ambiance de l'action une caractĂ©ristique certes relative au systĂšme gĂ©nĂ©ral de communication, mais dĂ©terminĂ©e par une variable technique strictement localisĂ©e. La notion d'autoritĂ©, transposĂ©e de la politique, c'est-Ă -dire de conceptions touchant le gouvernement ou la gestion de la sociĂ©tĂ© globale et les mƓurs qui s'y dĂ©veloppent, est remplacĂ©e par la centralitĂ©, propriĂ©tĂ© technique d'un systĂšme d'organisation. [
] Lire la suiteITINÉRAIRE ou VOYAGE SPIRITUELÉcrit par Universalis ‱ 1 079 mots ‱ 1 mĂ©dia L'Enfer est aussi le lieu littĂ©raire de la fabrication du feu, de la mĂ©tallurgie et de la technique. Un grand pas est fait au cours du xiie siĂšcle, quand apparaĂźt le Purgatoire entre Enfer et Ciel, au confluent d'une tradition irlandaise, qui situe au cƓur des Ăźles lacustres d'Irlande un Purgatoire verdoyant d'attente tranquille, et d'une tradition orientale, qui loge un lieu de tortures Ă  l'intĂ©rieur de l'Etna ou du Stromboli. [
] Lire la suitePEINTURE L'espace picturalÉcrit par Henri VAN LIER ‱ 2 613 mots Mais, en mĂȘme temps, ils demeurent en rĂ©fĂ©rence perçue avec l'environnement, par opposition Ă  ce qui se passe en musique ou en littĂ©rature. Pelliculaires et visibles, ils sont tout Ă  la fois immatĂ©riels et mondains ». Il en va de mĂȘme de l'acte qui les pose. Car il leur correspond un geste, ce qui n'est pas le cas en musique ou en littĂ©rature ; un geste opĂ©ratoire, Ă  la diffĂ©rence de la danse ; mais un geste qui n'est pas vraiment ouvrier comme celui du sculpteur et du bĂątisseur. [
] Lire la suiteMARCEAU MARCEL 1923-2007Écrit par Didier MÉREUZE ‱ 1 444 mots ‱ 1 mĂ©dia FondĂ© sur une technique sans faille, associant Ă  la maĂźtrise du corps rythme, musicalitĂ©, rĂ©flexion, Ă©motion, chacun de ses mouvements Ă©tait une tentative pour suspendre la vie. Son art Ă©tait l'aboutissement d'un long travail qui l'amenait Ă  puiser au plus intime de lui-mĂȘme et de sa mĂ©moire. Celle d'un enfant juif nĂ© le 22 mars 1923 Ă  Strasbourg, dans une famille modeste d'origine polonaise. [
] Lire la suiteDÉCHRISTIANISATIONÉcrit par Henri DESROCHE ‱ 4 195 mots Or, pendant des siĂšcles les valeurs occidentales se sont identifiĂ©es aux valeurs chrĂ©tiennes la vie quotidienne et saisonniĂšre est encadrĂ©e dans un calendrier chrĂ©tien et, si le temps est ainsi christianisĂ© Ă  l'intĂ©rieur de ce calendrier, les espaces sont christianisĂ©s autour des clochers, comme les vocabulaires le sont par une philosophie dĂ©rivĂ©e des thĂ©ologies chrĂ©tiennes. [
] Lire la suiteBRECHT BERTOLT Écrit par Philippe IVERNEL ‱ 5 507 mots ‱ 6 mĂ©dias Tous les effets d'une théùtralitĂ© sans fard – masques et musique exotiques, pĂ©ripĂ©ties et rebondissements, entrecroisement arbitraire et rencontre miraculeuse de deux sĂ©ries d'aventures, les aventures de la servante au grand cƓur, Grusche, et du juge des pauvres, Azdak, théùtre dans le théùtre – invitent Ă  une rĂ©flexion, uniquement suggĂ©rĂ©e dans le texte, sur la sociĂ©tĂ©, la justice et la maternitĂ©, sur les rapports entre l'art et la technique, la technique et la politique. [
] Lire la suiteRÉALISME art et littĂ©ratureÉcrit par Gerald M. ACKERMAN, Henri MITTERAND ‱ 6 499 mots ‱ 3 mĂ©dias Dans l'histoire du rĂ©cit, le rĂ©alisme est de tous les temps ; mais Ă  chaque Ă©poque il renaĂźt sous une forme neuve, qui rĂ©volutionne, en mĂȘme temps que notre vision et notre comprĂ©hension du rĂ©el, la poĂ©tique des genres. [
] Lire la suiteWANG LES QUATRE XVIIe s.Écrit par Françoise DENÈS ‱ 4 469 mots ‱ 1 mĂ©dia Wang Hui emprunte Ă  Fan Kuan et Ă  Guan Tong la technique des contours prĂ©cis et des petits traits en gouttes de pluie », mais il transforme les paysages statiques et majestueux de ces deux maĂźtres des Song du Nord en un tourbillonnement de roches d'une richesse inouĂŻe. La pĂ©riode de maturitĂ© de la fin des annĂ©es 1660 se poursuit encore aprĂšs 1670. [
] Lire la suiteALINARI LESÉcrit par Elvire PEREGO ‱ 1 435 mots ‱ 2 mĂ©dias L'expĂ©rience des grands voyageurs et des premiers ateliers photographiques des temps modernes alimente un faisceau de pratiques sociales et d'usages nouveaux la documentation au service des peintres et des beaux-arts, la constitution personnelle d'albums de collection, l'impression ou le rĂ©cit de voyage, les sĂ©ries de vues stĂ©rĂ©oscopiques, puis l'essor de la carte postale, image se doublant d'un espace de correspondance, lieu du lien et de l'Ă©change. [
] Lire la suiteBRA THÉOPHILE 1797-1863Écrit par Jacques de CASO ‱ 1 357 mots ‱ 1 mĂ©dia Outre cette production, Bra exĂ©cuta un petit nombre de portraits de personnalitĂ©s de son temps, Ɠuvres remarquables par leur pĂ©nĂ©tration psychologique, notamment le buste du docteur BĂ©clard marbre, 1825, AcadĂ©mie de mĂ©decine, Paris, celui de François Broussais plĂątre, 1822, musĂ©e de GuĂ©ret, de Guizot, marbre, 1835, coll. privĂ©e. L'envers d'une carriĂšre officielle Bra Ă©crivain et dessinateur Plus proche des intellectuels de son temps que des peintres et des sculpteurs, Bra a laissĂ© de nombreux Ă©crits. [
] Lire la suiteTÉLÉCOMMUNICATIONS La communication sans filÉcrit par Alexandre COTARMANAC'H ECHEVARRIA, RenĂ© WALLSTEIN ‱ 6 699 mots ‱ 5 mĂ©dias Or les rĂ©seaux 2G, qui Ă©tablissent entre les abonnĂ©s en communication des chemins ou circuits technique dite Ă  commutation de circuits qu’ils sont seuls Ă  utiliser pendant la durĂ©e de l’appel, sont mal adaptĂ©s Ă  la commutation de donnĂ©es. Ces derniĂšres, pour ĂȘtre traitĂ©es efficacement, nĂ©cessitent la mise en Ɠuvre d’une autre technique qui a Ă©tĂ© mise au point pour Internet la commutation de paquets. [
] Lire la suiteESTHÉTIQUE EsthĂ©tique et philosophieÉcrit par Mikel DUFRENNE ‱ 7 366 mots On doit donc, laissant de cĂŽtĂ© les circonstances psychologiques de la crĂ©ation, chercher comment elles ont accĂ©dĂ© Ă  l'ĂȘtre ; puisque cet ĂȘtre a Ă©tĂ© produit, puisqu'il porte souvent la marque des outils qui l'ont fabriquĂ©, il faut savoir comment, avec quels matĂ©riaux, selon quelles procĂ©dures technique de l'Ă©chafaudage pour la construction des cathĂ©drales, technique de la boĂźte pour la composition des toiles de Poussin, technique de l'ordinateur pour la composition des piĂšces musicales de Xenakis. [
] Lire la suiteSOCIOLOGIE Les mĂ©thodesÉcrit par FrĂ©dĂ©ric LEBARON ‱ 7 640 mots ‱ 6 mĂ©dias Dans un premier temps, l'interprĂ©tation statistique Ă©tablit les faits statistiques observĂ©s. Dans un second temps, l'interprĂ©tation sociologique les confronte Ă  la problĂ©matique, aux hypothĂšses et aux questions formulĂ©es initialement. Les conclusions statistiques et les conclusions sociologiques doivent ĂȘtre cohĂ©rentes le texte sociologique repose sur les faits statistiques Ă©tablis. [
] Lire la suiteDE CHIRICO GIORGIO 1888-1978Écrit par GĂ©rard LEGRAND ‱ 1 728 mots Il a la rĂ©vĂ©lation, Ă  Turin, de la suspension du temps Ă©cho possible de L'Éternel Retour dans l'allongement insolite de l'ombre des statues Ă  certaines saisons. Pour qu'une Ɠuvre d'art soit vraiment immortelle, il faut qu'elle sorte complĂštement des limites de l'humain le bon sens et la logique y font dĂ©faut. De cette façon, elle s'approchera du rĂȘve et aussi de la mentalitĂ© enfantine. [
] Lire la suiteCONRAD JOSEPH 1857-1924Écrit par AndrĂ© TOPIA ‱ 1 775 mots ‱ 1 mĂ©dia MĂȘme son art de romancier a cet aspect bifide tout en suscitant, par la magie de la voix et du rĂ©cit, l'illusion romanesque et la fuite dans un ailleurs, il se rapproche des expĂ©rimentations modernistes par sa technique de dislocation chronologique et de montage de points de vue. L'expĂ©rience des limites Comme Joyce, T. S. Eliot, Pound et D. H. [
] Lire la suiteIMPROVISATION MUSICALEÉcrit par AndrĂ©-Pierre BOESWILLWALD, Alain FÉRON, Pierre-Paul LACAS ‱ 5 113 mots ‱ 3 mĂ©dias La variation propose Ă  nouveau le sujet dans le temps mĂȘme oĂč elle le modifie. L'improvisation joue de l'identitĂ© apaisante et de l'altĂ©ritĂ© surprenante ; elle se rĂ©fĂšre Ă  un objet musical thĂšme, sujet qu'elle prolonge, condense, fait Ă©clater, colore ou dĂ©figure, selon un processus analogique dĂ©voilant des dimensions latentes du thĂšme choisies dans la totalitĂ© indĂ©finie du possible sonore. [
] Lire la suiteVINAVER MICHEL 1927-2022Écrit par Monique LE ROUX ‱ 1 703 mots Mais celle-ci est occupĂ©e cette fois par des activitĂ©s liĂ©es Ă  la vie théùtrale traductions, enseignement universitaire, direction de la collection RĂ©pliques pour l'Ă©laboration d'un rĂ©pertoire contemporain, mise en Ɠuvre d'une mĂ©thode de micro-analyse des textes, mise en Ɠuvre de cette technique dans deux ouvrages collectifs, Écritures dramatiques. [
] Lire la suiteDÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL HistoireÉcrit par Jean-Jacques FRIBOULET ‱ 8 118 mots ‱ 4 mĂ©dias Son niveau technique et Ă©conomique est Ă©quivalent Ă  celui de l'Europe. Au sud, l'Afrique noire fait cohabiter des civilisations primitives avec des sociĂ©tĂ©s au niveau technique plus avancĂ©, proche de celui du Moyen Âge europĂ©en. Elle est dĂ©jĂ  soumise Ă  la saignĂ©e qui rĂ©sulte du trafic d'esclaves en direction de l'AmĂ©rique et du Moyen-Orient globalement 25 millions de personnes. [
] Lire la suiteRAFFARIN JEAN-PIERRE 1948- Écrit par Delphine DULONG ‱ 1 013 mots Lorsqu'il en devient prĂ©sident en 1988, il se consacre alors Ă  plein temps Ă  la vie politique. À partir de 1989, il cumule ses responsabilitĂ©s politiques locales et partisanes avec un mandat de dĂ©putĂ© europĂ©en. Mais c'est surtout en 1995 que sa carriĂšre politique s'envole. Cette annĂ©e-lĂ , alors qu'il vient d'ĂȘtre reconduit au Parlement europĂ©en, il est Ă©lu sĂ©nateur de la Vienne et conseiller municipal de Chasseneuil-du-Poitou. [
] Lire la suiteHALLUCINOGÈNES, littĂ©ratureÉcrit par Jacques JOUET ‱ 1 054 mots ‱ 1 mĂ©dia Lorsqu'il annonce le temps des assassins » c'est-Ă -dire des haschischins, Rimbaud a quittĂ© le terrain de l'expĂ©rience. L'hallucination artificielle n'est dĂ©jĂ  que la mĂ©taphore d'un Ă©tat de voyance permanent qui n'est lui-mĂȘme que mĂ©taphore de la vocation poĂ©tique. Et si AndrĂ© Breton ne recommande pas les hallucinogĂšnes comme technique d'investigation, il a besoin de leur exemple pour prĂ©ciser le champ de sa doctrine Tout porte Ă  croire qu'il [le surrĂ©alisme] agit sur l'esprit Ă  la maniĂšre des stupĂ©fiants ; comme eux, il crĂ©e un certain Ă©tat de besoin et peut pousser l'homme Ă  de terribles rĂ©voltes » Manifeste du surrĂ©alisme. [
] Lire la suiteWESTON EDWARD 1886-1958Écrit par Marc-Emmanuel MÉLON ‱ 970 mots Edward Weston y adhĂšre un temps avec son fils Brett et quelques autres dont Ansel Adams, Imogen Cunningham ou Willard Van Dyke. En 1937, Edward Weston est le premier photographe Ă  recevoir une bourse de la fondation Guggenheim qui lui permet de voyager et de photographier l'ouest et le sud-ouest de son pays. Ses nombreux voyages, tant au Mexique qu'aux États-Unis, lui fournissent une matiĂšre abondante. [
] Lire la suiteENCEINTESÉcrit par Philippe LEVEAU ‱ 5 790 mots ‱ 5 mĂ©dias Ces opĂ©rations de construction sont facilitĂ©es par l'amĂ©lioration technique et la diminution des coĂ»ts consĂ©cutives au dĂ©veloppement de l'usage de l'opus caementicium ou blocage. Ce procĂ©dĂ© – connu des Grecs sous le nom d'emplecton mais non utilisĂ© systĂ©matiquement – permet d'utiliser la main-d'Ɠuvre abondante et peu qualifiĂ©e que la conquĂȘte a mise Ă  la disposition de Rome. [
] Lire la suiteMAIMONIDE M.Écrit par Warren Zev HARVEY ‱ 1 794 mots ‱ 1 mĂ©dia De la logique Ă  la Mishneh Tƍrāh » Maimonide, nĂ© Ă  Cordoue, en Espagne, Ă©tudia la Bible et le Talmud avec son pĂšre, Rabbi Maimon, qui Ă©tait versĂ© dans l'exĂ©gĂšse rabbinique ; en mĂȘme temps, il s'adonna aux Ă©tudes scientifiques. AprĂšs la conquĂȘte de Cordoue en 1148 par la peu tolĂ©rante dynastie des Almohades, la famille Maimon dut quitter la ville et pĂ©rĂ©grina Ă  travers l'Espagne, l'Afrique du Nord – vivant quelque temps Ă  Fez –, la Terre d'IsraĂ«l, pour s'installer finalement en Égypte Ă  Fostat le vieux Caire, en 1165. [
] Lire la suiteCRITIQUE DE LA FACULTÉ DE JUGER, Emmanuel Kant - Fiche de lectureÉcrit par François TRÉMOLIÈRES ‱ 1 040 mots L'esthĂ©tique kantienne, trĂšs technique dans son expression, n'en a pas moins reçu un considĂ©rable Ă©cho c'est que la pensĂ©e critique offre une reformulation en profondeur des grandes questions du temps. Ainsi du sublime, qui dans le goĂ»t des LumiĂšres avait progressivement supplantĂ© le beau. Comment expliquer l'alliance paradoxale du plaisir, caractĂ©ristique du sentiment esthĂ©tique, et de ce qu'Edmund Burke, dans sa Recherche philosophique 1re Ă©d. [
] Lire la suiteGUILLEM SYLVIE 1965- Écrit par Bernadette BONIS, Jean-Claude DIÉNIS, AgnĂšs IZRINE ‱ 1 677 mots Cette irrĂ©sistible ascension la propulse au rang de premiĂšre danseuse en 1984 ; elle n'aura guĂšre le temps de s'habituer Ă  ce titre puisque, cinq jours plus tard, elle est nommĂ©e Ă©toile, sur proposition de Rudolf Noureev, alors directeur de la danse. Et cela au soir d'une prise de rĂŽle prestigieuse, celle d'Odette-Odile, l'hĂ©roĂŻne au double visage du Lac des cygnes. [
] Lire la suiteTRAITÉ DE LA PEINTURE, Leon Battista Alberti - Fiche de lectureÉcrit par Martine VASSELIN ‱ 1 110 mots ‱ 1 mĂ©dia » Dans le deuxiĂšme livre, aprĂšs un Ă©loge de la peinture, liĂ©e de tout temps Ă  la religion et Ă  la mĂ©moire des grands hommes, Alberti la dĂ©finit par son objet elle s'efforce de reprĂ©senter les choses visibles », elle est pour moi une fenĂȘtre ouverte par laquelle on puisse regarder l'histoire ». Mais si son objet est la reprĂ©sentation des corps visibles, son but est de raconter une histoire qui constitue le dernier degrĂ© d'achĂšvement de l'Ɠuvre du peintre ». [
] Lire la suiteMOZI [MO-TSEU] env. 479-env. 390 av. par LĂ©on VANDERMEERSCH ‱ 1 133 mots L'initiateur d'une doctrine antifĂ©odale Le ressort originel de la rĂ©flexion de MaĂźtre Mo fut sa rĂ©pulsion pour la guerre sous toutes ses formes, intĂ©rieures et extĂ©rieures, telle qu'elle sĂ©vissait de son temps en prenant des proportions terrifiantes. Il se sĂ©pare d'abord des confucianistes sur le reproche qu'il leur fait de prĂȘter la main, pour arriver au pouvoir, Ă  des complots gĂ©nĂ©rateurs de guerre civile ; et lorsqu'il entre lui-mĂȘme en scĂšne politiquement, c'est pour dissuader des princes puissants de lancer leurs armĂ©es sur de petits pays sans dĂ©fense. [
] Lire la suiteCAMPRA ANDRÉ 1660-1744Écrit par Pierre-Paul LACAS ‱ 989 mots ‱ 1 mĂ©dia Cette Ɠuvre, amalgame de tout ce qui plaĂźt aux amateurs du temps, est une suite de danses, pastorales, airs et chƓurs dont l'absence de cohĂ©sion quant au dĂ©roulement de l'intrigue chaque entrĂ©e » ou acte compte un sujet et une action diffĂ©rents Ă©tonne aujourd'hui. Si, dans l'opĂ©ra, le sujet engendre la musique, ici, c'est la danse et la musique qui dĂ©terminent l'action. [
] Lire la suiteTHÉÂTRE OCCIDENTAL HistoireÉcrit par Robert PIGNARRE ‱ 8 347 mots ‱ 1 mĂ©dia DĂ©jĂ , dans l'Allemagne traumatisĂ©e des annĂ©es 1920, un militant du groupe Spartakus, Erwin Piscator, pour rĂ©veiller dans le prolĂ©tariat prostrĂ© par la misĂšre l'instinct de la lutte, avait inaugurĂ© une technique de choc visant Ă  investir l'inconscient du spectateur. En Europe de l'Ouest comme aux États-Unis, la stylisation expressionniste, vulgarisĂ©e par le cinĂ©ma allemand de l'Ă©poque, et dĂ©tournĂ©e pour un temps de ses visĂ©es rĂ©volutionnaires, accoutume Ă  une vision plus synthĂ©tique un public fervent spectateur des jeux du stade, des combats du ring et des arĂšnes, des courses de bolides, des acrobaties aĂ©riennes, et qui dĂ©jĂ  s'apprivoise aux stridences syncopĂ©es du jazz, Ă  l'art abstrait », Ă  l'onirisme surrĂ©aliste, et bientĂŽt, Ă  travers Kafka, au vertige intellectuel de l'absurde. [
] Lire la suite Ce qui intĂ©resse en effet l’historien et l’anthropologue, c’est l’arriĂšre-plan intellectuel dont tĂ©moigne le fil de la narration, le cadre sur lequel il est tissĂ©, ce qui ne peut ĂȘtre dĂ©celĂ© qu’à travers la comparaison des rĂ©cits,par le jeu de leurs Ă©carts et de leurs Vernant, L’Univers, les Dieux, les Hommes 1C’ est l’histoire d’un ĂȘtre qui n’a qu’un seul cĂŽtĂ©, telle qu’elle est racontĂ©e dans la sociĂ©tĂ© de Kei. Quel est le tout pour lequel est prise cette partie? Que signifie une telle histoire dans le contexte de cette sociĂ©tĂ© particuliĂšre? ThĂšme 1 Françoise HĂ©ritier a fait la mĂȘme remarque dans MoitiĂ© d’hommes, pieds dĂ©chaussĂ©s et sauteurs Ă  c ... 2Contrairement Ă  Rodney Needham qui pense que le thĂšme des figures unilatĂ©rales, sans ĂȘtre universel, est largement rĂ©pandu dans le monde, on pourrait s’étonner de ne pas le trouver partout. Quoi de plus facile, pour la pensĂ©e mythique, que de transformer l’image du corps en toutes formes possibles et imaginables, notamment de le couper en deux? Les corps sont si souvent tronquĂ©s, estropiĂ©s, mĂ©tamorphosĂ©s, transfigurĂ©s Godelier and Panoff 1998a, 1998b qu’on ne comprend pas pourquoi ils ne sont pas non plus universellement ainsi divisĂ©s1. Pas plus d’ailleurs que l’on ne trouve de façon universelle l’autre transformation logiquement opposĂ©e Ă  la dichotomie celle du corps gĂ©minĂ©. FrĂ©quentes, en effet, sont les figures doubles, visage de face, visage de dos, dans le mythe comme dans les expressions plastiques. RĂ©duire le corps ou le rĂ©pĂ©ter, y a-t-il une corrĂ©lation entre ces deux possibilitĂ©s de l’imaginaire? Est-ce une question de point de vue? 2 Cf. Barraud 1972. 3Visuellement, l’expression plastique nous montre Ă  quel point ces formes sont des chausse-trappes l’ornement de proue de pirogue qui figure un profil d’homme reprĂ©sente-t-il un homme coupĂ© en deux ou bien dĂ©montre-t-il l’impossibilitĂ© du regard d’embrasser simultanĂ©ment les deux cĂŽtĂ©s? L’autre ornement de pirogue qui au contraire, en ronde-bosse, prĂ©sente un visage complet de chaque cĂŽtĂ© joue-t-il aussi sur l’obligation de conceptualiser immĂ©diatement ce qui se prĂ©sente au regard humain2? La pirogue va de l’avant, que deviennent ces figures vues de devant »? Les figures nous paraissent unilatĂ©rales, les unes sont souvent dĂ©crites comme des moitiĂ©s, les autres renvoient au modĂšle bifront. 4Centaure, sphinx ou sirĂšne, lorsque la partition est horizontale, nos mythes parviennent facilement Ă  donner une identitĂ© Ă  ce mi-humain, mi-animal, et nous semblons moins troublĂ©s. Serait-ce parce que l’Ɠil d’un seul regard saisit l’ensemble, le tout, formĂ© par le monstre? 5Si l’expression plastique est bornĂ©e par la contrainte du regard, le mythe, en revanche, ne supporte de limitations que conceptuelles et laisse libre cours Ă  l’imagination. Devant ses infinies possibilitĂ©s, le choix d’une coupure longitudinale ou horizontale d’un corps, ou d’un doublement du corps n’est pas anodin. 6Figures unilatĂ©rales, ou demi-corps, Ɠil unique ou jambe unique, Un CĂŽtĂ©, le rĂ©fĂ©rent est pour eux tous un corps qui semble Ă  nos yeux poser le modĂšle visuel d’une entitĂ©, d’un tout. Ces expressions mythiques supposent la complĂ©tude du corps en donnant Ă  voir le dĂ©faut de complĂ©tude, l’entier et sa division par deux, la symĂ©trie et le dĂ©faut de symĂ©trie. La figure double prĂ©suppose l’unitĂ© du un » rĂ©pĂ©tĂ©e deux fois, l’unilatĂ©ralitĂ© suppose l’unitĂ© divisĂ©e en deux. Il reste alors Ă  explorer, dans chaque sociĂ©tĂ©, non seulement comment est constituĂ© ce tout, mais aussi comment sont conçues la symĂ©trie et l’asymĂ©trie, dans le cas prĂ©sent, en rĂ©fĂ©rence Ă  l’harmonie du corps humain et tenter de rĂ©pondre Ă  la question une partie, mais de quoi? Ou encore, comment le corps d’un d’ĂȘtre humain est-il conceptualisĂ©? 7Rodney Needham hĂ©site. En l’absence d’indications prĂ©cises, la latĂ©ralitĂ©, – sous-entendu celle d’une opposition droite/gauche –, lui semble secondaire par rapport Ă  la dichotomie 1980 31 – sous-entendu, celle d’un entier en deux parties symĂ©triques what has to be imagined is the lateral half of a symmetrical body parted longitudinally » ibid. 20 et l’exergue ibid. 17 –, proposition reprise aussi par Françoise HĂ©ritier 1996 173. Nos deux auteurs penchent pour la symĂ©trie du corps entier. 8L’image ou la figure d’ĂȘtres et de choses tronquĂ©s ou incomplets par dĂ©faut d’une partie d’eux-mĂȘmes, suggĂ©rĂ©e par les histoires, les reprĂ©sentations, les formes visuelles, fait rĂ©fĂ©rence Ă  des complĂ©tudes dĂ©finies par des systĂšmes d’idĂ©es et de valeurs diffĂ©rents d’une sociĂ©tĂ© Ă  une autre. L’idĂ©e de moitiĂ©, qui nous vient naturellement Ă  l’esprit devant un corps coupĂ© en deux, implique une Ă©galitĂ© mathĂ©matique ; celle-ci pourrait faire dĂ©faut Ă  des systĂšmes de pensĂ©e diffĂ©rents des nĂŽtres. Il s’agit de savoir si un terme qui signifierait une moitiĂ© pourrait s’opposer logiquement Ă  un terme qui signifierait une partie de quelque chose. Si l’idĂ©e de la division en deux parties Ă©gales, impliquĂ©e dans le mot moitiĂ©, n’est pas exprimĂ©e Ă  Kei par un mot la traduisant exactement, du moins toutes rĂ©fĂ©rences Ă  des parties, des morceaux, des cĂŽtĂ©s, renvoient, comme notre idĂ©e de moitiĂ©, Ă  celle d’un tout, d’une totalitĂ©, d’un entier, d’une complĂ©tude. La nature, la forme, la fonction et l’expression de cette complĂ©tude restent donc Ă  comprendre lorsque l’on est interpellĂ© par une histoire, un mythe, un conte, oĂč les ĂȘtres en prĂ©sence montrent, en apparence ou dans leur apparence, des signes de division, de non-complĂ©tude. La qualitĂ© du mythe est bien lĂ  Ă  travers une image, un acte non ordinaire prĂ©sentĂ© dans une histoire au minimum perçue comme mythe » Claude LĂ©vi-Strauss citĂ© dans DĂ©tienne 1981 15, on donne Ă  voir quelque chose de significatif. La portĂ©e du significatif » en question est variable on peut, comme Rodney Needham, s’efforcer de comprendre l’universalitĂ© de l’esprit humain ; on peut tenter de comprendre les faits rapportĂ©s Ă  une sociĂ©tĂ© particuliĂšre. Les deux voies ne sont pas incompatibles. 9À la suite de Jean-Pierre Vernant citĂ© en exergue, je choisis d’abord la seconde dĂ©marche l’analyse de la spĂ©cificitĂ© locale d’un mythe. Le thĂšme, interprĂ©tĂ© Ă  partir d’un contexte spĂ©cifique, peut servir ensuite de jalon pour la comparaison de traits sociologiques repĂ©rĂ©s dans d’autres sociĂ©tĂ©s. 10Il n’existe Ă  Kei qu’une seule histoire d’un ĂȘtre coupĂ© en deux, dans les deux versions prĂ©sentĂ©es ci-dessous. Recueillies Ă  plus de soixante ans d’écart, dans deux rĂ©gions oĂč les diffĂ©rences linguistiques sont notables, ces deux versions tĂ©moignent de transformations importantes dont il paraĂźt bien hasardeux de vouloir analyser les Ă©tapes. Pourtant, fait remarquable, dans le contexte particulier de cette sociĂ©tĂ©, l’argument est restĂ© le mĂȘme – quĂȘte du cĂŽtĂ© manquant auprĂšs du dieu et dĂ©livrance d’un message. Contexte 3 L’archipel de Kei se situe dans les Moluques du Sud-Est, en IndonĂ©sie de l’Est. Les recherches sur ... 4 La maison est l’unitĂ© sociale minimale, exogame, nommĂ©e ; c’est aussi une habitation. ComposĂ©e de d ... 11Faut-il dire qu’à Tanebar-Evav3, je n’ai jamais Ă©tĂ© trĂšs impressionnĂ©e par les petites histoires ou mythes – je n’ai jamais pu dĂ©cider du terme – que l’on me racontait au hasard de la conversation? Par rapport Ă  la plĂ©thore de rituels qui scandent presque quotidiennement les activitĂ©s des aĂźnĂ©s des maisons4, aidĂ©s de leur famille ; par rapport Ă  l’abondance d’occasions cĂ©rĂ©monielles, oĂč femmes et hommes chantent, s’épuisent, se relaient et se rĂ©pondent des nuits entiĂšres Ă  coups de strophes et de refrains Ă  peine traduisibles dans le langage courant ; par rapport aux innombrables assemblĂ©es d’aĂźnĂ©s et de vieux oĂč les arguments tombent Ă  coups de dictons et de proverbes pour rĂ©soudre le problĂšme du jour ; par rapport Ă  la profusion de noms qui fixe en un ordre immuable l’histoire du moindre espace Ă  l’intĂ©rieur du village et de la forĂȘt, les mythes ou petites histoires semblent surajoutĂ©s, de peu d’importance et font figure de parents pauvres. À l’époque de la fiĂšvre mythique qui secouait l’anthropologie – les annĂ©es 1970, rappelle Jean-Pierre Vernant 1999 8 –, et travaillant dans une rĂ©gion oĂč les mythes Ă©taient depuis des dĂ©cennies une source de rĂ©flexion Van Wouden 1968, et oĂč les grands rĂ©cits d’ancĂȘtres plantaient le dĂ©cor de l’émergence des sociĂ©tĂ©s Berthe 1972, je cherchais des mythes et je restais déçue. Les conteurs n’étaient pas en cause certains Ă©taient intarissables, mais ce qu’ils racontaient ne ressemblait pas Ă  des mythes ». Combien d’histoires de guerres, de hauts faits, de victoires sur les voisins n’ai-je pas entendues, ponctuĂ©es de chants et souvent d’une liste de noms de lieux-dits terres donnĂ©es en compensation qui garantissaient la vĂ©racitĂ© des faits? 5 L’archipel est composĂ© de deux Ăźles principales, la Grande Kei ou Kei Besar et la Petite Kei ou Kei ... 12Un missionnaire nĂ©erlandais, H. Geurtjens, avait publiĂ© dans les annĂ©es 1920, un recueil d’une quarantaine de mythes et d’histoires pour l’ensemble de l’archipel de Kei5 dans lequel chaque histoire commençait par Sar toem-toem labo, il Ă©tait une fois », expression que je n’ai pas une fois entendue lors de mon sĂ©jour ! Dans mon propre fichier, certaines histoires sont classĂ©es selon le titre donnĂ© par le conteur, sous le nom de tom, d’autres sous celui de fun. Fun, c’est la guerre, il s’agit donc d’un rĂ©cit de guerre. Tom, c’est une histoire, c’est mĂȘme le fondement de l’origine, de l’Histoire. L’emplacement du village originel est appelĂ© oho tom, cette mĂȘme expression dĂ©signe parfois le cimetiĂšre, et le terme tom entre dans l’expression qui dĂ©signe une relation ancestrale entre deux maisons. C’est dire que si les mythes sont peu racontĂ©s, mal connus, leurs versions nombreuses, variables et contestĂ©es, s’il n’y a pas de grands mythes d’émergence ou de grandes Ă©popĂ©es qui se rapporteraient Ă  l’ensemble des sociĂ©tĂ©s de l’archipel, les mythes ont une place Ă  part Ă  Kei, comme peut-ĂȘtre ailleurs, au fondement de la tradition, Adat, et Ă  l’origine des relations. Il faut alors leur reconnaĂźtre la valeur que leur donne les Keyois eux-mĂȘmes et s’efforcer d’en rendre compte. Comme l’écrit AndrĂ© Iteanu 1996 45 en introduisant la lecture de mythes de Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e On peut dĂšs lors croire qu’au-delĂ  des circonstances particuliĂšres de son Ă©nonciation, la sociĂ©tĂ© ne produit pas un genre de rĂ©cit sans lui confĂ©rer une valeur particuliĂšre en rapport avec les autres institutions ». À ce titre seulement, je me risquerai Ă  l’exercice pĂ©rilleux de leur interprĂ©tation. 13Dans les textes recueillis par H. Geurtjens comme dans ceux que j’ai moi-mĂȘme collectĂ©s Ă  Tanebar-Evav sous le nom de tom, il faut distinguer les histoires extrĂȘmement localisĂ©es, servant de points de repĂšre et venant Ă  l’appui de l’existence de rĂ©seaux d’amitiĂ©s, de conflits Ă  l’intĂ©rieur ou entre villages, de droits sur les terres, et d’autres, comme celles que j’évoquerai ici, qui sont hors du temps et de l’espace de la sociĂ©tĂ©, ne prĂ©cisent aucun nom de lieu et dont les thĂšmes reviennent souvent voyage entre le monde des vivants et le monde des morts, relations entre les mondes cĂ©leste, de la surface de la terre, souterrain et sous-marin, mĂ©tamorphoses des ĂȘtres homme animal chose, hĂ©ros ou hĂ©roĂŻne comme dernier d’une sĂ©rie de sept germains ou conjoints, monstres et ĂȘtres humains dotĂ©s de capacitĂ©s extraordinaires, mariages et trahisons, Ă©changes somptueux, histoires opposant les nobles et les non-nobles, don ou vol du feu et dĂ©couverte de la cuisson. Parmi ces thĂšmes, le cas unique de l’histoire d’Un CĂŽtĂ© est Ă©nigmatique, mĂȘme si le thĂšme apparaĂźt souvent en Asie du Sud-Est. Tentons de lui arracher son secret. Le mythe d’Un CĂŽtĂ© 14L’histoire de Ko Kakidin, celui [qui n’a qu’] une partie », m’a Ă©tĂ© racontĂ©e par Turan Feli en 1973 Ă  Tanebar-Evav. De loin celui qui m’a le plus transmis son savoir sur la sociĂ©tĂ©, Turan Feli, vers la fin de mon sĂ©jour, me racontait pĂȘle-mĂȘle tout ce qu’il lui semblait ne m’avoir pas encore racontĂ©, de jour, de nuit, en prĂ©sence ou non de membres de sa famille. Ainsi, sans encore que je sache pourquoi, cette histoire m’a Ă©tĂ© racontĂ©e aprĂšs l’histoire du serpent Tom Nif et avant l’histoire du pauvre Tom Ko Kasian. 6 AppelĂ©s lenar Ă  Kei, ketupat en langue indonĂ©sienne, ces petits paquets dans lesquels est cuit le r ... Texte IUn enfant rĂ©clame et on lui donne tout ce qu’il demande. Devenu plus grand, il ne donne qu’un peu, une partie kakidin [quand on lui demande quelque chose], ne donne jamais rien en entier kinomĂłm Ă  personne. Il grandit et devient adulte, c’est une jeune fille, ses parents la marient, et cela continue comme poisson, elle n’en donne qu’un morceau seulement oan, la noix de coco aussi, elle n’en donne qu’un morceau kakidin. Elle accouche d’un enfant, le torse de l’enfant n’a que le cĂŽtĂ© droit, il n’y a pas de cĂŽtĂ© gauche, le torse n’a qu’un cĂŽtĂ©. Elle a honte, mĂȘme de regarder son mari. Il [l’enfant] grandit, il va Ă  l’école, les enfants jouent ensemble, mais il bat ses camarades dont les parents se plaignent. Ils disent que les gens qui ont deux cĂŽtĂ©s, leur intĂ©rieur [c’est-Ă -dire leurs sentiments, leur caractĂšre] a deux cĂŽtĂ©s aussi, mais ceux dont le torse n’a qu’un cĂŽtĂ© et de plus, le cĂŽtĂ© droit seulement et pas de cĂŽtĂ© gauche, ils ne peuvent qu’ĂȘtre en colĂšre tout le temps contre tout le grandit, il devient adulte, il rĂ©flĂ©chit et dit Ă  sa mĂšre MĂšre, prĂ©pare-moi des provisions de route pour que je parte. » Elle demande OĂč vas-tu? » Il dit Je vais chercher le cĂŽtĂ© gauche de mon torse. » Elle lui prĂ©pare ses provisions, dix-sept paquets de riz6, il part. Il gravit une montagne, la redescend, il continue, il gravit ainsi les sept montagnes, il monte jusqu’à Dieu. Un vieil homme est lĂ , gardien de la porte, qui lui demande Eh! toi, Un CĂŽtĂ©, oĂč vas-tu? » Je vais chercher le cĂŽtĂ© gauche de mon torse. » Va par lĂ , va lĂ -bas et demande au Seigneur. » Il arrive auprĂšs de Dieu lui-mĂȘme. Dieu lui demande OĂč vas-tu? » Je viens chercher le cĂŽtĂ© gauche de mon torse. » Il dit S’il en est ainsi, attends. » Il appelle le gardien de la porte et lui dit Viens maintenant, suis-moi, ouvre cette piĂšce, et jette celui-lĂ  qu’il descende lĂ -dedans. Puis reviens, verrouille solidement la porte, laisse-la comme ça jusqu’à ce que je t’appelle et alors tu l’ouvriras. »La porte reste ainsi depuis le matin jusqu’à midi puis Dieu arrive. Il dit [au vieil homme] C’est bon, va chercher une serviette et un pantalon pour que quand il [on suppose alors que c’est un garçon] sortira, il la prenne et s’essuie. Prends une chemise et un pantalon, quand il sortira, tu lui donneras pour qu’il se change, puis, qu’il vienne me voir pour que je lui parle. »Le vieil homme va, ouvre la porte, le voit qui est lĂ  [le garçon], entier de nouveau, son corps est comme le nĂŽtre. Le garçon prend la serviette et s’en enveloppe, puis il vient, il change sa chemise et son pantalon. Le vieil homme lui dit Le Seigneur m’a dit de t’accompagner jusqu’à lui. »Il l’accompagne, Dieu lui donne Ă  manger, puis dit Assieds-toi que je te parle. Mon conseil est celui-ci, pour toi et pour ta mĂšre, c’est un conseil pour tous les deux. Tu n’avais qu’un cĂŽtĂ© parce que ta mĂšre, depuis toujours [depuis l’enfance jusqu’à l’ñge adulte] et aprĂšs que tu sois nĂ©, quand elle donne quelque chose Ă  quelqu’un, elle ne donne qu’un morceau seulement oan, elle ne donne qu’un peu kakidin. Je t’ai donc fait comme cela comme preuve de son Ă©goĂŻsme avec les gens. Va et dis Ă  ta mĂšre et Ă  ton pĂšre qu’ils promettent quarante-quatre fois de ne plus jamais donner comme cela. Si les gens vous demandent un peu, donnez-leur tout ce que vous avez ; allez alors demander Ă  d’autres de vous donner quelque chose. Si quelqu’un vous demande beaucoup, partagez en parts Ă©gales pour que vous ayez tous deux la mĂȘme chose. Il ne faut pas que vous ayez beaucoup et les autres rien. » Il [Dieu] s’en va en disant N’oublie pas mon conseil, aujourd’hui tu es un humain, mais si tu l’oublies, demain tu ne seras plus un humain. »Il [le garçon] s’en retourne et les gens de son village s’étonnent Celui-lĂ  qui descend vers ici, on voit son corps, on dirait un Ă©tranger. » Ils lui demandent D’oĂč viens-tu? » Il dit Je suis allĂ© chercher mon cĂŽtĂ©, et Dieu a fait en sorte que je sois entier. » Ils disent Sais-tu ou non qui t’a fait entier? » Il dit Je sais son nom. » Alors dis-le. » Il dit Attendez que je rapporte d’abord Ă  ma mĂšre les conseils, que je lui dise pourquoi je n’ai qu’un cĂŽtĂ© et pourquoi je suis de nouveau entier comme ça. » Il raconte tout Ă  sa mĂšre et Ă  son pĂšre et quand il eut fini, ils demandĂšrent Comment es-tu devenu un homme entier? » Il dit Celui qui est gardien de la porte a parlĂ© Ă  Dieu [lui a expliquĂ© pourquoi j’étais venu] et Dieu a donnĂ© ses ordres Ă  Djibrail, [celui-ci] m’a jetĂ© dans l’eau, je suis restĂ© [Ă  flotter] dans l’eau et quand mes deux cĂŽtĂ©s ont Ă©tĂ© entiers, Djibrail est venu me chercher et m’a ramenĂ© vers Dieu, et Dieu m’a donnĂ© tous ses conseils et je suis parti. » Les hommes Ă©goĂŻstes
 7 Les traductions donnĂ©es par H. Geurtjens 1921 sont les suivantes ko petit, peu, quelqu’un de ... 15Voici l’autre histoire, recueillie par le missionnaire nĂ©erlandais au dĂ©but du siĂšcle, soixante ans auparavant ; elle porte le mĂȘme nom que celle de Tanebar-Evav, Ko Kidkidin, celui qui n’a qu’un cĂŽtĂ© ». H. Geurtjens traduit ce terme par La moitiĂ© d’homme »7 De halfmensch, Geurtjens 1924 182. 8 Les maisons Ă©taient traditionnellement sur pilotis. On y accĂšde en grimpant sur une courte Ă©chelle. 9 TobĂłr litt. toucher terre, entrer en contact avec le sol de la terre et ici, sortir de la maison ... 10 Nom d’un village Ă  Kei. 11 Nom d’un village Ă  Kei. 12 Nom d’un village Ă  Kei. 13 Ce terme signifie roi » en langue indonĂ©sienne. À Kei, sous le nom de rat, c’est un titre d’empru ... 14 À Kei, on utilise souvent comme Ă©cope la coque vide du coquillage jer Cymbium armatum. 15 Ub pot en terre cuite dans lequel on conserve l’eau. Texte IIUn jour, une femme veut faire sĂ©cher ses pois, ses lentilles et ses haricots rouges. Elle les met dans les plateaux en vannerie ronde, et descend de la maison8 pour les faire les descend, il pleut. Elle ramasse ses plateaux, et remonte dans la maison. Une fois remontĂ©e, le soleil brille Ă  nouveau. Elle redescend ses plateaux. Elle redescend, trĂšs vite il pleut de nouveau. Elle n’est pas contente, elle remonte ses plateaux dans la maison. Elle remonte, le soleil se met Ă  percer brillamment et elle s’écrie Ah! Dieu! on dirait aujourd’hui que tu veux couper les hommes [humains]en deux cĂŽtĂ©s. »Elle redescend ses plateaux pour mettre Ă  sĂ©cher ses pois, ses lentilles, ses haricots rouges, elle se dĂ©pĂȘche de tout descendre et tout de suite il pleut Ă  nouveau. Elle est trĂšs en colĂšre et dit Ah! Dieu! on dirait aujourd’hui que tu veux diviser les parties gĂ©nitales en deux. » Elle remonte ses plateaux Ă  l’intĂ©rieur de la maison, la pluie a cessĂ© de nouveau. Elle est furieuse alors et dit Je les laisse maintenant! Ah! Dieu! On dirait aujourd’hui que tu veux fendre les gens en deux cĂŽtĂ©s. »Peu de temps aprĂšs, la femme accouche d’un garçon, le petit n’a qu’un cĂŽtĂ©, le visage n’a qu’un cĂŽtĂ©, jambe et bras ne sont que d’un cĂŽtĂ©, le torse n’a qu’un cĂŽtĂ©, tout n’a qu’un cĂŽtĂ©. Sa mĂšre a honte de son enfant qui n’a qu’un cĂŽtĂ©, elle le cache Ă  l’intĂ©rieur de la maison. Puis le petit grandit et devenu assez grand, il dit un jour Ă  sa mĂšre MĂšre, fais-moi un arc et des flĂšches que j’aille chasser les oiseaux. » Sa mĂšre dit Oh lĂ , lĂ ! Tu n’es pas encore une fois dans ta vie sorti9 de la maison, tu n’es qu’un cĂŽtĂ© seulement, les gens vont te voir, ils vont se moquer pour sĂ»r. Un arc et des flĂšches pour toi? Non, laisse cela. » Mais le petit dit Ă  nouveau MĂšre, mais si, fais-les pour que j’aie un arc et des flĂšches. » La mĂšre dit Si tu Ă©tais un homme entier, d’accord, mais tu n’es qu’une partie d’homme, laisse cela. » Mais le garçon rĂ©pĂšte encore Eh bien! Si c’est comme ça, mĂšre, fais-moi un arc et des flĂšches que j’aille chercher mon cĂŽtĂ©. » Alors sa mĂšre lui fit un arc et des flĂšches et aussi une canne et prĂ©para des provisions de route pour que Un CĂŽtĂ© aille chercher son s’en allant, Un CĂŽtĂ© dit Ă  sa mĂšre Si je n’arrive pas jusqu’à Dieu pour demander mon cĂŽtĂ©, mort ou vivant, je ne reviendrai pas ; mais si j’ai mon cĂŽtĂ©, alors je reviendrai. »Un CĂŽtĂ© marche longtemps, comme pour aller Ă  Sathean10, quand il atteind un village. Un homme le voit et lui demande Eh! Un CĂŽtĂ©, oĂč vas-tu? » Un CĂŽtĂ© dit Je vais jusqu’à Dieu, je vais chercher mon cĂŽtĂ©. » L’homme lui dit Puisque c’est ainsi, si tu parviens jusqu’à Dieu, peux-tu lui parler de mon problĂšme? » Il dit Quel est ton problĂšme? » L’homme dit Tu vois, je n’arrĂȘte pas de faire des allers et retours pour aller chercher de l’eau. [Le temps de revenir], j’ai soif, je bois tout et je dois Ă  nouveau aller puiser de l’eau, je puise de l’eau, je ne fais que cela, et je n’ai pas le temps de rien faire d’autre. » Le petit dit Attends que je revienne, que je sois parvenu jusqu’à Dieu et que je lui demande. » Un CĂŽtĂ© s’en va, marche longtemps, comme pour aller Ă  Faan11. Il voit un homme dans son cocotier qui extrait du vin de palme. Il lui demande Eh! toi, Un CĂŽtĂ©, oĂč vas-tu? » Il rĂ©pond Je vais jusque-lĂ  oĂč habite Dieu, pour chercher mon cĂŽtĂ©. » L’homme lui dit Si c’est ainsi, si tu parviens jusqu’à Dieu, peux-tu lui parler de mon problĂšme? » Il dit Quel est-il? » Il dit Vois-tu, je suis assis ici Ă  laisser s’écouler le vin de palme, mais il s’écoule si lentement, je reste assis lĂ  sur le sommet du cocotier, je reste lĂ  Ă  attendre et je ne peux rien faire d’autre. Si tu lui demandes ce que je dois faire, je pourrais m’arrĂȘter un peu. » Il lui dit Attends que je revienne, que je sois parvenu jusqu’à Dieu et que je lui demande. »Le petit repart, il marche et arrive dans un village, aussi loin que Hangoer12. Alors qu’il s’approche, des enfants voient Un CĂŽtĂ© arriver, se moquent de lui et s’écrient Venez voir cette chose diffĂ©rente, quelqu’un qui n’a qu’un cĂŽtĂ© de corps. » Le petit a honte et demande Y-a-t-il un raja13 dans ce village? » Ils disent Oui, il y en a un. »L’enfant monte dans la maison du raja, le raja lui demande OĂč vas-tu? » Le petit dit Je veux aller jusqu’à Dieu pour demander mon cĂŽtĂ©. » Le raja dit Eh! Un CĂŽtĂ©, mĂȘme les enfants se moquent de toi, comment penses-tu parvenir jusqu’au Grand Dieu? » Le petit dit Les moqueries de mes camarades ont fait que [la connaissance de] ma honte est dĂ©jĂ  parvenue Ă  Dieu, je veux aussi parvenir jusqu’à Dieu pour demander mon cĂŽtĂ©. Je ne veux pas rester ainsi un homme diffĂ©rent. » Le raja dit S’il en est ainsi, reste ici dans ma maison, attends et ce soir tu verras. »Alors le soir, le Seigneur Dieu apparaĂźt, et demande Ă  Un CĂŽtĂ© Qu’as-tu Ă  demander? » Il dit Je veux demander mon cĂŽtĂ© parce que, comme je suis, lĂ , les gens me voient et rient et j’ai honte. » Le Seigneur Dieu demande Comment se fait-il que tu n’aies qu’un cĂŽtĂ© comme cela? » Le petit dit Je ne sais pas. Quant Ă  savoir Ă  quel endroit se trouve mon cĂŽtĂ©, je ne sais pas, je sais seulement que ma mĂšre m’a donnĂ© naissance sous cette forme. » Le Seigneur Dieu dit Moi je sais tout, je sais pourquoi tu es comme cela. Retournes-toi seulement, que je t’arrange ton cĂŽtĂ© pour que tu sois de nouveau entier. Mais quand tu seras de retour, dans ton village, dis Ă  ta mĂšre que la prochaine fois qu’elle blasphĂšme comme ce jour-lĂ , il faut qu’elle sache, qu’elle en subira les consĂ©quences encore plus fortes et sur son propre corps. »Alors Dieu recompose Un CĂŽtĂ© en homme entier et demande As-tu quelque chose d’autre Ă  dire? » Le petit dit Oui, j’ai encore Ă  demander, ce que les deux hommes m’ont demandĂ© ». Puis il repart. Il s’en retourne, en chemin il voit l’homme en train d’extraire son vin de palme, qui reste tout le temps au faĂźte du cocotier. L’homme demande Alors mon problĂšme, qu’en est-il? » Le petit rĂ©pond Oh! imbĂ©cile! Dieu te dit de prendre un tube de bambou que tu suspendras [oĂč s’écoulera le vin de palme] et que tu iras chercher le matin et le soir. » Il repart, et voit l’homme en train de puiser toujours de l’eau. Cet homme lui demande Et mon problĂšme, qu’en a dit le Grand Dieu? » Le petit dit Oh! ImbĂ©cile! Qui t’a dit de prendre une petite coquille [de coquillage] pour puiser ton eau14. Prends donc un pot15 que tu rempliras le matin et le soir et cela te suffira pour la journĂ©e. » Il dit Tu as raison, je le sais. »Alors Un CĂŽtĂ© redevenu entier, retourna auprĂšs de sa mĂšre et ils restĂšrent ensemble. 16Observons les sĂ©quences du mythe dans les deux cas Texte I Texte II — descente et montĂ©e dans la maison poisson, noix de coco non partagĂ©s rapport Ă  la nourriture les graines non sĂ©chĂ©es la mĂšre refus de partager, donne un peu seulement la mĂšre injures Ă  Dieu naissance d’un enfant qui n’a qu’un cĂŽtĂ© honte cachĂ© dans la maison, pas de sortie de la maison l’enfant bat les autres enfants, la mĂšre refuse l’arc et les flĂšches il lui manque une partie d’intĂ©rieur en craignant les moqueries provisions donnĂ©es par la mĂšre, il part chercher son cĂŽtĂ© gravit les sept montagnes marche Ă  travers plusieurs villages ne rencontre personne rencontre deux imbĂ©ciles puis les enfants qui se moquent de lui est accueilli par le vieux gardien est accueilli par le raja descend dans une piĂšce close monte dans la maison du raja solidement fermĂ©e remplie d’eau la transformation se produit quand la transformation se produit en pleine nuit le soleil est au zĂ©nith se retrouve complet Ă  sa sortie de l’eau se retrouve complet Dieu donne des conseils pour les parents pour la mĂšre avec des menaces l’apparence corporelle du hĂ©ros n’est pas reconnue Ă©tranger le hĂ©ros donne les conseils aux imbĂ©ciles il donne les conseils Ă  ses parents — 16 Dans la suite du texte, les rĂ©fĂ©rences Ă  ces deux versions seront indiquĂ©es par I et II. 17Dans les deux histoires16, l’action se dĂ©roule hors du temps et de l’espace. Les sept montagnes » I sont l’expression d’un lieu trĂšs Ă©loignĂ©, le plus souvent associĂ© Ă  la prĂ©sence du dieu, Ă  la fois par la hauteur – comme celle du ciel –, et par le nombre sept – nombre des offrandes offertes au dieu. Les noms de village mentionnĂ©s II servent seulement Ă  Ă©valuer la distance parcourue mais le point de dĂ©part n’étant pas indiquĂ© par H. Geurtjens, ni le nom du conteur, ni mĂȘme le lieu oĂč le conte a Ă©tĂ© donnĂ©, il est en rĂ©alitĂ© difficile d’imaginer le chemin parcouru. 18Le second texte est plus prĂ©cis en ce qui concerne les dĂ©tails de la vie quotidienne la maison prĂ©sentĂ©e comme centre des activitĂ©s et lieu de la naissance, les activitĂ©s fĂ©minines et masculines sĂ©chage des grains/chasse, puiser l’eau, faire le vin de palme, la prĂ©sence du raja comme autoritĂ© intermĂ©diaire. 19L’histoire commence parce que les femmes sont mauvaises, injurient Dieu ou se comportent mal. Le thĂšme est rĂ©current en Asie du Sud-Est, et le sort de l’imprĂ©catrice est le plus souvent liĂ© Ă  la culture du riz, comme le montre par exemple le mythe loloda-galela Ă©tudiĂ© dans ce numĂ©ro par Jos Platenkamp, et/ou Ă  la sĂ©paration du ciel et de la terre Terwiel 1994, notamment. À Kei, la consĂ©quence est un mauvais fruit on parle du mauvais intĂ©rieur de l’enfant qui n’a qu’un cĂŽtĂ©, son intĂ©rieur, son contenu est en cause. L’action ne se passe pas au grand jour, mais Ă  l’intĂ©rieur d’une entitĂ©, la maison l’enfant reste cachĂ© dans la maison, les graines ne pouvant sĂ©cher restent dans la maison et sont menacĂ©es de pourriture, puis, pour la rĂ©solution de son problĂšme, l’enfant monte dans la maison du raja II, il est enfermĂ© dans une piĂšce rin piĂšce latĂ©rale de la maison, cĂŽtĂ© de maison » remplie d’eau I. Le principe de vie 20Examinons le rapport maison-femme-naissance-dieu. Comme on l’a signalĂ© plus haut, les mythes Ă  Kei ont peu de rapports avec les rituels, ne les accompagnent pas, ne font pas de rĂ©fĂ©rence directe Ă  des actes rituels ou Ă  l’exĂ©cution des rĂšgles traditionnelles. Pourtant il nous faut chercher la comprĂ©hension de ce rapport Ă©tabli par le mythe auprĂšs des conditions rituelles qui entourent la mise au monde des enfants pour plus de dĂ©tails, voir Barraud 1990b, 1998. 21Tout ĂȘtre vivant est dotĂ© d’un corps et d’un principe de vie itumun et mat-inya ou seulement d’une peau et d’un principe de vie. Les arbres, les maisons, les voiliers, les gros animaux marins, les porcs, le village, l’üle, les ĂȘtres humains umat entrent dans la premiĂšre catĂ©gorie ; la plupart des vĂ©gĂ©taux, les cĂ©rĂ©ales dans la seconde. Les corps de ces ĂȘtres sont dĂ©finis par leur appartenance Ă  la terre de l’üle avec laquelle se confond l’existence de la sociĂ©tĂ©. 17 Dans des publications prĂ©cĂ©dentes, j’ai appelĂ© principe Ăąme » ce principe de vie mat-inya donnĂ© p ... 22DĂšs qu’une femme est enceinte, un principe de vie mat-inya17 se manifeste. Il est placĂ© dans le ventre de la mĂšre par le dieu Soleil-Lune et par des esprits proches du dieu esprits des fƓtus mort-nĂ©s et des fausses couches. Des offrandes sont pĂ©riodiquement offertes aux ancĂȘtres de la maison de la mĂšre, et en cas de difficultĂ©s particuliĂšres, au dieu, en vue de la rĂ©ussite de l’accouchement, conçu comme un passage, comme la sortie du chenal vers la pleine mer, comme le dĂ©part d’un voilier. 18 L’un des mythes fondateurs de Tanebar-Evav rapporte l’existence d’ĂȘtres vivant dans la nuit. Ils en ... 23La naissance a lieu dans la maison, oĂč la femme reste confinĂ©e avec l’enfant jusqu’à la cĂ©rĂ©monie de nomination. Ce jour-lĂ , l’enfant sera pour la premiĂšre fois prĂ©sentĂ© sur le seuil de la maison, son sexe est alors annoncĂ© et on pourra le sortir hors de la maison. L’ĂȘtre humain, appartenant Ă  une maison, groupe social, est reconnu socialement Ă  ce moment-lĂ  seulement on dit ntobur aborder, accoster, toucher le sol ». Avant, il existe sous une forme dont le principe d’existence est le principe de vie mat-inya, principe qui anime aussi tout ce qui est considĂ©rĂ© comme douĂ© de vie dans cette sociĂ©tĂ©, ĂȘtres et choses. Ce principe de vie prend ainsi, au moment de l’attribution d’un nom et lorsque l’enfant sort pour la premiĂšre fois de la maison, la forme d’un corps, maintenant sexuĂ©, et les attributs d’un ĂȘtre humain social reconnaissance de l’appartenance Ă  un groupe social, la maison, des relations de cette maison avec d’autres, relations aux ancĂȘtres de sa maison et de la maison de sa mĂšre, relations Ă  la terre de l’üle Ă  laquelle sont identifiĂ©s la sociĂ©tĂ© et ses membres. Sorti de l’utĂ©rus maternel, mais encore confinĂ© dans la maison, l’enfant n’est pas un ĂȘtre humain, mais seulement un principe de vie qui voit le jour » nma walean18 ; une fois prĂ©sentĂ© en dehors de la maison, c’est un ĂȘtre social, douĂ© de corps, donc un ĂȘtre humain complet. 19 D’anciens canons portugais et hollandais font partie des biens prĂ©cieux offerts lors des cĂ©rĂ©monies 24Le principe-corps est sous la sauvegarde de la maison de la mĂšre, comme en tĂ©moignent les rituels et prestations offerts lors des mariages, des naissances et des funĂ©railles accouchement et attribution du nom dans la maison de la mĂšre, relation aux ancĂȘtres de la mĂšre auxquels des prestations sont offertes tout au long du cycle de vie, retour du corps sous la forme de la prestation d’un canon19 Ă  la maison de la mĂšre aprĂšs la mort. 25La complĂ©tude des ĂȘtres vivants est ainsi constituĂ©e de l’existence d’un principe de vie, donnĂ© par le dieu, et qui prend la forme d’un corps en relation d’appartenance Ă  un territoire particulier. Pour les ĂȘtres humains, le lien au territoire se fait par l’intermĂ©diaire de la maison, lieu de rĂ©sidence et groupe social. À la maison sont attachĂ©es les terres et les fonctions sociales et rituelles. 20 Pour la comprĂ©hension du terme idĂ©ologie, on renvoie Ă  la dĂ©finition qu’en donne Louis Dumont ense ... 26Le principe de vie n’est jamais altĂ©rĂ©, ne subit aucune transformation, mais peut s’éloigner de sa forme visible, le corps. Celui-ci au contraire, se transforme, suivant l’état de sa relation au principe de vie. À la mort, le principe de vie d’un ĂȘtre humain retourne vers les sept catĂ©gories de dĂ©itĂ©s peuplant l’univers, le principe-corps retourne dans la terre. Dans l’idĂ©ologie20 de cette sociĂ©tĂ©, l’ĂȘtre humain social est la rĂ©sultante d’un rapport hiĂ©rarchique entre le niveau subordonnĂ© de la relation entre maisons, manifestĂ©e par le principe-corps, et le niveau supĂ©rieur de relation, celui de la sociĂ©tĂ© confondue avec l’univers, d’oĂč viennent les principes de vie indiffĂ©renciĂ©s pour animer ĂȘtres et choses en relation Barraud 1998 245. 27Des faits Ă©voquĂ©s dans le mythe II l’enfant n’est pas encore nommĂ©, il reste cachĂ© dans la maison, sa mĂšre lui dit qu’il n’est pas encore une seule fois de sa vie sorti de la maison, on peut infĂ©rer que l’ĂȘtre Un CĂŽtĂ© du mythe n’est pas encore un ĂȘtre Ă  part entiĂšre reconnu socialement. Il n’y a pas eu reconnaissance officielle de son sexe, de son nom, de ses relations, marquĂ©e par la sortie de la maison, ce n’est pas encore un ĂȘtre humain. Ce qui lui manque, malgrĂ© l’apparence, ce n’est pas un supplĂ©ment de corps, puisque son corps d’humain n’est pas encore venu Ă  l’existence par la sortie de la maison, mais un complĂ©ment de principe de vie. Lorsque l’enfant va rĂ©clamer son cĂŽtĂ© manquant, il ne se retourne pas contre ses parents, leurs affins ou ses ancĂȘtres, ceux qui sont responsables de son principe corps, c’est-Ă -dire la maison de sa mĂšre, ce qui serait le cas si ce corps Ă  un seul cĂŽtĂ© figurait l’incomplĂ©tude du principe corps lors de maladies par exemple, des prestations sont faites aux ancĂȘtres de la mĂšre. Dans le mythe I, l’enfant sort, va Ă  l’école, mais il lui est reprochĂ© non sa difformitĂ© physique, mais son mauvais caractĂšre, son intĂ©rieur. Dans les deux mythes, le petit va vers le dieu, seule instance dĂ©tentrice du principe de vie, pourvoyeur de mat-inya. AuprĂšs du dieu, il est de nouveau enfermĂ© dans une piĂšce I ou dans une maison II, comme de nouveau dans le ventre de sa mĂšre ; dans l’une des versions il sort de l’eau complet en plein midi, dans l’autre lorsqu’il voit le jour », il est complet, la transformation s’étant passĂ©e de nuit. 28Dans le texte II, il rencontre en chemin des hommes aux apparences complĂštes mais non socialisĂ©s du fait de leur bĂȘtise l’un puise de l’eau avec un contenant si petit qu’à peine de retour chez lui, son eau est Ă©puisĂ©e et il doit repartir en chercher de nouveau ; l’autre fait du vin de palme, mais reste Ă  recueillir le liquide qui s’écoule lentement, sans espoir ni d’arrĂȘter le flot ni de s’en Ă©loigner car il serait perdu. Ni l’un ni l’autre ne peuvent rien faire d’autre, ils n’ont pas de vie sociale. Un CĂŽtĂ©, redevenu entier, sera l’intermĂ©diaire entre le dieu et les hommes, entre le dieu et les parents, ses conseils se rapportent aux rĂšgles de la vie en sociĂ©tĂ©. 29Si l’histoire s’arrĂȘte lĂ , on a l’impression pourtant que, comme le corps de l’enfant, l’histoire est une histoire tronquĂ©e. Si l’on comprend par l’évocation des rituels, que ce cĂŽtĂ© de corps reprĂ©sente un principe de vie non pleinement accordĂ©, on sait aussi qu’un principe de vie Ă  lui seul, et mĂȘme entre les mains d’un dieu et de ses anges gardiens les dĂ©itĂ©s, ne ferait pas un ĂȘtre humain et encore moins une sociĂ©tĂ©. 30Alors apparaissent dans le mythe des faits tĂ©nus qui sont autant d’indices marquant une socialisation probable les deux imbĂ©ciles, les enfants qui se moquent, le raja, les conseils Ă  donner aux imbĂ©ciles et aux parents. 31On note, dans les deux textes, l’importance du conseil donnĂ© sib, sinib. Faire passer un message comme donner des prĂ©ceptes est une rĂ©alitĂ© quotidienne. Lorsque les gens se dĂ©placent et lors de toutes cĂ©rĂ©monies, mĂȘme Ă  la mort de quelqu’un, tout le monde a un message Ă  formuler que l’acteur du moment le voyageur, le jeune mariĂ©, le mort doit recevoir et transmettre. 32Le contenu du conseil, le message Ă  transmettre de la part du dieu, a son importance ne pas ĂȘtre Ă©goĂŻste ngabetan, Ă  Tanebar-Evav, ne pas blasphĂ©mer nar afa sisien, Ă  Kei Kecil. Ngabetan signifie Ă©goĂŻste, qui ne partage pas, pourri, avariĂ© » synonyme du verbe fdak ĂȘtre impoli, ne pas savoir se conduire, ĂȘtre mauvais, pourri » et s’applique d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale aux ĂȘtres comme aux choses arbre, fruit, chair, jardin, dont l’intĂ©rieur, le contenu est mauvais sian. Un jardin pourri ne donne pas de fruits, et les graines non sĂ©chĂ©es II risquent la pourriture. L’état apparent de ce corps incomplet rĂ©sulte clairement du mauvais Ă©tat de ce qui est considĂ©rĂ© comme l’intĂ©rieur de la mĂšre, son comportement vis-Ă -vis des autres et du dieu. En ce qui concerne l’enfant, les gens disent I ceux qui ont deux cĂŽtĂ©s, leur intĂ©rieur a deux cĂŽtĂ©s aussi, mais ceux dont le torse n’a qu’un cĂŽtĂ© et de plus, le cĂŽtĂ© droit seulement et pas de cĂŽtĂ© gauche, ils ne peuvent qu’ĂȘtre en colĂšre tout le temps contre tout le monde ». Cet intĂ©rieur est qualifiĂ© de inan ardeur au travail, humeur, rĂ©sultat d’une action » ou ralan intĂ©rieur, humeur, caractĂšre ». On comprend alors que ce travers de la mĂšre, qui signale un mauvais Ă©tat de ses relations sociales, conduit Ă  une infĂ©conditĂ© sociale la naissance d’un ĂȘtre non reconnu socialement, privĂ© par le dieu d’une partie de son principe de vie, exprimĂ© par l’apparence d’un demi-corps. 33On pourrait s’attendre Ă  ce que les commentaires portent sur la dĂ©formation du corps, ils critiquent en fait la mauvaise qualitĂ© de l’intĂ©rieur. L’hypothĂšse peut donc ĂȘtre faite que cette partition apparente du corps signale un dĂ©faut de principe de vie il y a non complĂ©tude du principe de vie, l’intĂ©rieur de l’enfant est mauvais aussi, parce que le rĂ©ceptacle qui devait accueillir le principe de vie, la mĂšre, a un intĂ©rieur » pourri, incapable de donner pleinement la vie. 34Pour mieux comprendre le contraste entre principe de vie et principe corps, on peut Ă©voquer des faits complĂ©mentaires concernant les causes des transformations du corps. Elles sont gĂ©nĂ©ralement l’effet de sanctions infligĂ©es par le dieu. Le dieu demande aux esprits de cacher le principe de vie dans des contenants les personnes tombent alors malades, car le principe de vie est Ă©loignĂ© pour un temps. On dit aussi que la peau ou le corps est comme une Ă©corce vide. Le corps devient faible, c’est la maladie, et souvent la mort. 35Dans le mythe, la situation est diffĂ©rente. Ce principe de vie, dont le dieu est maĂźtre, est donnĂ© en partie seulement Ă  l’enfant en raison de la mauvaise conduite de la mĂšre et doit ĂȘtre rĂ©clamĂ© directement auprĂšs de Dieu. Cela ressemble Ă  une leçon de morale sociale, d’éthique, donnĂ©e Ă  la mĂšre, les conseils le montrent par la suite. Si la sanction portait sur la mĂšre, elle tomberait malade, son corps en serait affectĂ©. Le message du dieu le dit clairement [
] dis Ă  ta mĂšre que la prochaine fois qu’elle blasphĂšme comme ce jour-lĂ , il faut qu’elle sache qu’elle en subira les consĂ©quences encore plus fortes et sur son propre corps ». Le corps 36Comment les corps sont-ils conceptualisĂ©s? 37Des complĂ©ments d’information, notamment sur la signification des prestations Ă©changĂ©es lors des mariages, des funĂ©railles, des constructions de maisons, etc. sont nĂ©cessaires Ă  la comprĂ©hension de l’aspect Ă©tonnant de la partition de l’enfant du mythe. On verra que les biens prĂ©cieux Ă©changĂ©s se rapportent Ă  l’agencement du corps humain. Pour complĂ©ter le contraste avec le mythe racontĂ© ci-dessus, on Ă©voquera deux autres histoires montrant comment les corps peuvent ĂȘtre diffĂ©rentiellement tronquĂ©s. 38Si tous les ĂȘtres humains ont un principe de vie, le corps, pourtant aspect visible extĂ©rieur manifestant l’existence du principe de vie, n’a pas chez eux la mĂȘme valeur. 21 Voir supra, n. 19, p. 56. 39La composition de la compensation matrimoniale, la compensation pour meurtre et les prestations offertes aprĂšs la mort soulignent cette diffĂ©rence. Au moment du mariage, la prestation principale est le don d’un canon21. On dit qu’il remplace » le corps, le tronc, itumun, de la femme. D’autres prestations l’accompagnent un gong remplace » la tĂȘte, plusieurs bracelets et pendentifs de diffĂ©rentes valeurs appelĂ©s or » remplacent les membres. La notion de corps, exprimĂ©e par le terme itumun, qui dĂ©signe aussi le tronc des ĂȘtres humains comme des arbres, s’oppose Ă  la notion d’ensemble dĂ©signant les membres jean-liman, jambes-mains/bras » par exemple, arriver avec des dons se dit jear-limar ralan, les jambes et les mains pleines » ; arriver les mains vides, sans rien Ă  offrir, se dit itumun wat, le tronc/corps seul ». Dans le cas d’un meurtre, on remplace ces mĂȘmes parties du corps, et un bijou supplĂ©mentaire est offert en compensation » pour le sang. Tout au long du cycle de la vie, ce type de prestations est offert Ă  la maison de la mĂšre, qui donne en retour des tissus et assiettes » pour nourrir et habiller » les enfants et les sƓurs ». Le tronc-corps s’oppose donc conceptuellement aux membres. 22 La compensation matrimoniale doit ĂȘtre comprise comme une rĂ©paration aprĂšs une destruction, celle d ... 40Cela est la rĂšgle gĂ©nĂ©rale pour les gens qui appartiennent Ă  une maison, dont on a vu ci-dessus l’importance sur le plan de la constitution sociale des ĂȘtres. Les ĂȘtres humains qui, pour une raison ou pour une autre– mariage, adoption – quittent la maison, voient ainsi leur remplacement ĂȘtre effectuĂ© pour le dommage causĂ© Ă  l’intĂ©gritĂ© du territoire22. Les prestations prennent la place de l’ĂȘtre qui n’est plus membre de la maison donc n’appartient plus Ă  la terre oĂč elle se trouve. La mĂȘme chose est valable pour le voilier, construit dans l’üle et vendu » dans les archipels voisins les biens prĂ©cieux donnĂ©s en Ă©change, dont les canons, sont la compensation pour la quille » du voilier. Enfin, lors de la construction de la maison, un canon appelĂ© la poutre faĂźtiĂšre, est offert en complĂ©ment de la compensation matrimoniale. 41Ces prestations cĂ©rĂ©monielles de remplacement » soulignent le contraste entre la partie centrale prise pour le tout et les membres du corps, les cĂŽtĂ©s de la maison, les parties de la coque du voilier. Elles montrent que le corps humain, comme celui de la maison, comme celui du voilier, comme celui du village, est conçu en trois parties, un centre – le tronc–, et deux cĂŽtĂ©s – les membres, opposĂ©s en droite et gauche la maison a une piĂšce centrale et deux piĂšces sur les cĂŽtĂ©s, le bateau est composĂ© d’une quille centrale et des deux cĂŽtĂ©s droit et gauche, le village lui-mĂȘme est constituĂ© de trois parties. C’est le schĂ©ma gĂ©nĂ©ral de constitution des ĂȘtres en rĂ©fĂ©rence Ă  une terre une partie centrale prise pour le tout et deux parties latĂ©rales, de valeur diffĂ©rente, opposĂ©es en aĂźnĂ©/cadet, droite/gauche, haut/bas, etc., selon le cas. 42Mais diffĂ©rents types d’humains existent Ă  Kei suivant qu’ils appartiennent Ă  l’ordre social des nobles, Ă  celui des gens du commun ou Ă  celui des dĂ©pendants. Les nobles et les gens du commun appartiennent Ă  des maisons, nommĂ©es selon les modalitĂ©s dĂ©crites ci-dessus. Les nobles mel-mel grandir, croĂźtre, droite » sont soit des autochtones, soit des immigrants des pays alentour venus s’installer sur la terre de l’üle. Les circonstances de leur arrivĂ©e ou de leur prĂ©sence sur une terre particuliĂšre sont le plus souvent relatĂ©es dans une histoire ou mythe qui est une sorte de justificatif et de leur prĂ©sence et du nom de leur maison et des droits qu’ils ont sur certaines terres. Il en est de mĂȘme pour les gens du commun, considĂ©rĂ©s comme Ă©tant des autochtones leur nom ren-ren, vient de renan mĂšre » ; ils sont sur les lieux depuis toujours, leur histoire » raconte leurs rapports primordiaux Ă  un lieu, parfois elle relate la crĂ©ation des liens avec les nobles. On naĂźt dans un ordre social, on y reste, Ă  moins de tomber dans l’ordre situĂ© plus bas sur l’échelle. 23 Les guillemets sont ici justifiĂ©s par le fait que la littĂ©rature sur l’Insulinde a gĂ©nĂ©ralement qua ... 24 La diffĂ©rence entre les nobles et les dĂ©pendants est maintes fois Ă©voquĂ©e dans les mythes, gĂ©nĂ©rale ... 43Les dĂ©pendants »23 iri ont des origines diverses. Ils ont Ă©tĂ© capturĂ©s Ă  la guerre et appartiennent donc au territoire d’autres villages, ou bien ont Ă©tĂ© livrĂ©s en compensation de morts Ă  la guerre, ou sont des nobles dĂ©chus, privĂ©s d’une partie de leur statut voir infra, pour un manquement grave Ă  la coutume, gĂ©nĂ©ralement liĂ© au mariage mariage hors de son ordre, non respect des rĂšgles de la relation entre maisons24. Ils sont attachĂ©s Ă  la maison d’un noble, sont appelĂ©s les neveux » et ne sont pas membres d’une maison groupe social propre Ă  leur catĂ©gorie. Se trouvant hors de l’interrelation entre les maisons, leur existence d’ĂȘtres humains n’est pas constituĂ©e des attributs de cette relation. S’ils ont un principe de vie, leur corps n’est pas attachĂ© Ă  cette relation entre maisons. En tĂ©moignent l’absence d’échange de prestations lors de leur mariage et le fait qu’ils peuvent ĂȘtre donnĂ©s Ă  d’autres nobles, passer de maison en maison sans que leur corps soit remplacĂ© » une femme noble, lors de son mariage, pouvait emmener avec elle des dĂ©pendants, qui se retrouvaient attachĂ©s Ă  la maison de son Ă©poux. En tĂ©moigne surtout le fait qu’en cas de meurtre, leur corps n’est pas compensĂ© par les prestations offertes pour la mort d’un noble mais que seuls sont compensĂ©s les membres, bras et jambes, c’est-Ă -dire les cĂŽtĂ©s du tronc. Le corps n’est pas remplacĂ© dans sa totalitĂ©. En tant qu’ĂȘtres humains, ils sont diffĂ©rents, leur existence Ă©tant comme rĂ©sumĂ©e par leur fonction, ĂȘtre des serviteurs, ĂȘtre des jambes et des bras ». Du point de vue du principe-corps, ils ne prĂ©sentent pas la mĂȘme complĂ©tude que les nobles et les gens du commun, dont le corps, lui, est constituĂ© de la relation entre les maisons. 25 La composition diffĂ©rentielle des ĂȘtres que le vocabulaire occidental dĂ©signe par un seul terme, ce ... 44En l’absence d’appartenance Ă  une maison, sorte de matrice intermĂ©diaire nĂ©cessaire entre la femme et la terre, le corps est constituĂ© autrement. À l’inverse, l’absence de prestations pour certaines catĂ©gories de l’humanitĂ© montre bien que l’une des constituantes de l’ĂȘtre humain est liĂ©e Ă  l’interrelation entre maisons25. ComplĂ©tude et dissymĂ©trie 45Revenons maintenant Ă  l’opposition entre un centre et des cĂŽtĂ©s soulignĂ©e par les prestations, et Ă  l’histoire d’Un CĂŽtĂ©. 46Le nom de cette histoire est Ko Kidkidin, l’enfant qui n’a qu’un cĂŽtĂ© ». La partie existante de cet ĂȘtre comprend avec prĂ©cision une partie de torse il n’a de torse que d’un cĂŽtĂ© », une partie du visage, les membres d’un cĂŽtĂ© seulement. Cette partition est Ă©tonnante en soi Ă  Kei car elle ne correspond pas Ă  la conceptualisation des parties d’un corps humain ou de quelque entitĂ© que ce soit. Par rapport Ă  ces entitĂ©s, un corps incomplet serait reprĂ©sentĂ© comme des membres seuls sans tronc, un tronc sans membres, un tronc sans tĂȘte, mais pas par une partie de tronc. 47Le mot cĂŽtĂ© », kidin, Ă  Kei, s’oppose Ă  kinomĂłm entier, complet ». Kidin signifie d’abord le cĂŽtĂ© de quelque chose comprenant deux cĂŽtĂ©s, le cĂŽtĂ© en rĂ©fĂ©rence Ă  l’entier. Les deux parties s’opposent Ă  un centre, les cĂŽtĂ©s droit et gauche d’un tout significatif qui constitue une complĂ©tude, toujours appelĂ©e kinomĂłm, par exemple, les bords du toit, les cĂŽtes de l’üle, le nord par opposition au sud, l’est par opposition Ă  l’ouest, etc. Kidin signifie alors aussi direction, aller vers, du cĂŽtĂ© de ». H. Geurtjens 1921 donne les mĂȘmes sens au mot et par extension, le traduit par moitiĂ© ». Pourtant les cĂŽtĂ©s ne sont pas des moitiĂ©s, qui signaleraient l’égalitĂ© de deux parties. Lorsque l’on veut exprimer l’idĂ©e de l’égalitĂ© entre deux choses, on ajoutera alors le terme harmes le mĂȘme, sans aspĂ©ritĂ©, plat ». Kidin suggĂšre toujours une partie de quelque chose. Un autre mot, oan, exprime l’idĂ©e trĂšs gĂ©nĂ©rale de partie de », sans inclure d’orientation particuliĂšre ni d’opposition Ă  deux termes. Il ne dĂ©signe pas une partie spĂ©cifique d’un tout significatif on pourrait le traduire par un morceau de », un bout de », comme tout Ă  l’heure dans l’histoire un morceau de poisson, un bout de noix de coco. La rĂ©fĂ©rence change, l’accent ne porte pas sur l’entier sous-entendu dans kidin, mais sur la partie seule. La distinction n’est pourtant pas si nette, et dans le texte lui-mĂȘme, l’orateur dit une fois oan Ă  la place de kidin pour dĂ©signer cette partie de l’ĂȘtre qui n’est pas entier. 48Ainsi, l’idĂ©e que le mot cĂŽtĂ© » serait Ă©quivalent au mot moitiĂ© » semble Ă©trangĂšre aux concepts keyois. Traduire kidin par moitiĂ© n’est pas tout Ă  fait exact. L’idĂ©e de moitiĂ© suppose le deux, la totalitĂ©, faite de deux parties Ă©gales ; l’idĂ©e de cĂŽtĂ© permet de conceptualiser une totalitĂ© faite de deux, de trois ou plus. La moitiĂ© suppose l’égalitĂ©, l’idĂ©e de cĂŽtĂ© permet par une variĂ©tĂ© de combinaisons, la dissymĂ©trie. Un cĂŽtĂ© en suppose un autre, mais entre les deux, sur le plan conceptuel, une possibilitĂ© est ouverte, celle de l’existence d’un centre. 26 Cette dissymĂ©trie de l’opposition Ă  trois termes est observable sur les noix de coco. Celles-ci, co ... 27 Cf. la Postface de Louis Dumont 1979 sur l’opposition hiĂ©rarchique droite/gauche. 49Je propose alors comme hypothĂšse de travail que la symĂ©trie d’une apparente dualitĂ© un corps qui serait composĂ© de deux parties, comme dans le mythe est Ă  Kei signe d’incomplĂ©tude, tandis que la dissymĂ©trie de la triade ou du deux plus un » est l’image de la complĂ©tude le corps humain avec des membres des deux cĂŽtĂ©s et un tronc, la maison avec ses deux cĂŽtĂ©s et sa piĂšce centrale, le toit avec ses deux cĂŽtĂ©s et la poutre faĂźtiĂšre, le voilier avec ses deux cĂŽtĂ©s et la quille – de mĂȘme la triade faite d’un aĂźnĂ©, d’un puĂźnĂ© litt. celui du milieu », mat walan et d’un cadet, de mĂȘme la triade des fonctions rituelles dans l’organisation de la sociĂ©tĂ© du village, faite de deux capitaines sur terre » et du capitaine sur mer », Ces oppositions sont toujours orientĂ©es contrairement au terme oan Ă©voquĂ© ci-dessus, c’est dire que les deux cĂŽtĂ©s ou les deux directions ne sont jamais dans la mĂȘme position par rapport au tout, ne sont pas dotĂ©s de la mĂȘme valeur le nord est le pied, le sud est la tĂȘte, par exemple Ă  Kei. Il s’agit d’une opposition hiĂ©rarchique27. Ainsi, selon l’une des combinaisons, celle de l’opposition entre un centre et deux cĂŽtĂ©s, la complĂ©tude du corps humain est faite de la dissymĂ©trie du rapport entre le tronc et les membres des deux cĂŽtĂ©s non Ă©quivalents droit et gauche. 50Dans le mythe, l’enfant est appelĂ© kidin, mais il n’a qu’une partie de torse. L’analyse du mythe a suggĂ©rĂ© l’interprĂ©tation possible que cette partition signifie non un dĂ©faut de corps mais un dĂ©faut de principe de vie. La complĂ©tude conceptuelle du corps en tronc, tĂȘtes et membres conduit Ă  une interprĂ©tation similaire. Si le corps est composĂ© d’un centre et de cĂŽtĂ©s, son Ă©ventuelle incomplĂ©tude devrait ĂȘtre un corps sans tĂȘte ou sans membres ou l’inverse, un tronc ou torse seul, tout insĂ©cable, remplaçable et remplacĂ© en tant que tout. L’incomplĂ©tude signifiĂ©e dans le mythe par la prĂ©sentation d’une partie de corps ne semble pas faire rĂ©fĂ©rence Ă  un corps qui n’existe pas encore en tant que partie visible de l’ĂȘtre social complet. L’aberration de cette division visible du corps manifeste l’incomplĂ©tude de ce qui n’est ni remplaçable ni visible, le principe de vie. D’autres faits observĂ©s dans la sociĂ©tĂ© de Kei et prĂ©sents aussi dans d’autres mythes conduisent Ă  orienter l’interprĂ©tation dans ce sens. 51On conçoit en effet Ă  Kei un partage du corps pour signifier l’incomplĂ©tude des ĂȘtres, du fait qu’ils ne sont pas entiĂšrement dĂ©finis dans leur corps par rapport Ă  une maison, Ă  la sociĂ©tĂ©, Ă  la terre du village. C’est le cas du noble dĂ©chu, devenu dĂ©pendant », car il a pris pour Ă©pouse une femme d’un ordre infĂ©rieur. Son principe de vie n’est pas affectĂ©, il ne tombe pas malade, mais on dit qu’il est comme coupĂ© en deux, dans le sens horizontal la partie haute de son corps, jusqu’à la taille, reste noble, la partie infĂ©rieure est dĂ©pendante », jusqu’à ce qu’il ait donnĂ© une prestation un canon pour le corps Ă  la maison d’origine de sa mĂšre pour remplacer son propre corps. Il s’agit bien ici de la composante corps dont la maĂźtrise se trouve dans l’interrelation entre les maisons. On ne dit pas alors qu’il est incomplet, il reste complet, constituĂ© de corps et principe de vie, mais il est diffĂ©renciĂ©. Ce n’est jamais le cas des femmes, qui deviennent dĂ©pendantes cf. infra IV et V et dont les enfants de principe-corps, par dĂ©faut de relations complĂštes Ă  des maisons, sont conceptualisĂ©s sous la forme de corps diffĂ©renciĂ©s en parties supĂ©rieure et infĂ©rieure. Corps incomplets 52Deux autres histoires viennent Ă  l’appui de cette possible interprĂ©tation, l’une prĂ©sentant un tronc/corps sans membres, l’autre des corps coupĂ©s Ă  l’horizontale. 53Parmi tous les mythes qui parlent de mĂ©tamorphoses Ă  Kei, on a choisi celui qui dans sa forme se rapproche le plus des questions posĂ©es par cet ĂȘtre Ă  Un CotĂ© mystĂšre de la naissance, difficultĂ© de dĂ©placement, prĂ©sence d’instruments de chasse, forme humaine rĂ©cupĂ©rĂ©e sans intervention divine, mais avec celle des affins. 54En contrepoint, comme Ă  l’autre extrĂȘme, c’est l’histoire d’ĂȘtres parfaitement socialisĂ©s, de naissances rĂ©ussies, mais de relations sociales mauvaises, qui conduisent Ă  rĂ©duire des corps et Ă  les couper en deux ; un changement de niveau est perceptible puisqu’il y a alors une rĂ©duction en humanitĂ© et en socialitĂ© par la division du corps il en rĂ©sulte des humains dĂ©pendants, sans maison. 28 Genre de mollusques lamĂ©llibranches, type de la famille des pholadidĂ©s, bivalve Ă  coquille blanche ... 55Le premier rĂ©cit correspond Ă  l’histoire de la pholade28, relevĂ©e par H. Geurtjens 1924 159, rĂ©sumĂ©e ici. 29 Siru ordre des Beloniformes, sous-ordre Scomberesocoidei, famille des Belonidae Tylosurus melanot ... 30 Plusieurs histoires recueillies par H. Geurtjens 1924 font Ă©tat d’ĂȘtres qui se transforment en en ... Texte IIIUne femme accouche d’une pholade. Elle n’en veut pas, la jette sur le sable. Sa mĂšre la ramasse et l’élĂšve. Devenu grand, le mollusque demande Ă  sa mĂšre [le texte dit sa mĂšre », c’est en fait sa grand-mĂšre, la mĂšre de sa mĂšre] de lui faire un arc et des flĂšches pour aller pĂȘcher. Elle commence par refuser arguant qu’il n’a pas de jambes et de bras, qu’il ne peut que rouler sur le sable. Il insiste, elle les fait, il lui demande de les poser sur le sable Ă  la limite de l’eau. Il va sur le rivage, Ă  la limite de l’eau, il enlĂšve sa coquille et la pose, va pĂȘcher, attrape des quantitĂ©s de gros poissons et animaux marins vaches de mer, une sorte d’orphies29, pieuvres, requins, les laisse sur le rivage, remet sa coquille et va chercher sa mĂšre pour lui demander de ramener le poisson Ă  la maison. Elle ne le croit pas, finalement va voir et passe des heures Ă  griller et fumer le poisson pour le conserver. Cela dure comme cela jusqu’au jour oĂč le mollusque ayant grandi demande Ă  sa mĂšre de lui chercher une Ă©pouse. Elle se lamente Tu n’as pas de jambes ni de bras, pas d’oreilles, pas de visage, tu ne peux que rouler sur tes langes, n’en parlons plus. » Il insiste, elle finit par y aller, parcourt tout le pays, raconte l’histoire de la pholade, tout le monde lui rit au nez Ă©pouser une pholade? On aurait peur ! Elle arrive enfin dans un village important, celui d’un raja qui a sept filles, demande, et devant le raja incrĂ©dule, raconte une fois de plus l’histoire de la pholade. Le raja ne fait qu’en rire mais dĂ©cide de demander d’abord l’avis de ses filles. Elles refusent toutes, sauf la septiĂšme, Watwarin [ femme cadette »], qui accepte de faire ce que son pĂšre lui demandera. Le raja demande alors si la pholade est capable de donner la compensation matrimoniale. Il exige un gros morceau d’or devant chacun des huit piliers de sa maison, et dans la piĂšce centrale de sa maison quatre grandes jarres pleines d’or. Le mollusque s’engage Ă  rĂ©pondre Ă  cette demande dĂšs le lendemain matin, et leur demande de ne pas avoir peur si durant la nuit, le tonnerre gronde. Le lendemain matin, tout est lĂ , avec en plus deux canons. La mĂšre apporte le mollusque prĂšs de la jeune fille et ils se marient. La nuit, la jeune fille emporte son mari dans sa chambre, les autres entendent parler dans la chambre nuptiale, ne comprennent pas. Ils sont fous de curiositĂ©, tous les soirs ils entendent parler, le matin ils ne voient que la pholade, ils interrogent la jeune fille, elle ne dit rien. Ils trouvent alors un subterfuge. Tous les villageois se rendent dans un village voisin pour une fĂȘte, mais la femme du raja fait semblant d’avoir oubliĂ© quelque chose et revient Ă©pier la pholade. Elle voit que le mollusque enlĂšve sa coquille, s’habille d’habits tout en or et monte Ă  cheval. Il arrive au village oĂč se dĂ©roule la fĂȘte, reste Ă  la lisiĂšre, les gens le voient arriver et le trouvent tellement beau qu’ils disent que c’est un vrai noble envoyĂ© par Dieu. Il refuse le meilleur bĂ©tel qu’on lui offre, n’accepte que le bĂ©tel ordinaire que lui offre son Ă©pouse Watwarin. Sans explication, il repart, rentre au village, veut remettre sa coquille, mais l’épouse du raja l’a Ă©crasĂ©e, mise en petits morceaux et jetĂ©e Ă  la mer. Il cherche partout, ne trouve rien, pleure, sa peau tremble de chaud, de froid, il meurt presque. L’épouse du raja a peur, prĂ©pare alors un dĂ©coctĂ© de courges avec laquelle elle bassine le corps. Le raja et ses gens revenus de la fĂȘte font la mĂȘme chose. Ils le bassinent sans interruption, il vit, il reste un humain pour toujours. Les sƓurs de son Ă©pouse sont jalouses, le veulent pour Ă©poux, elle refuse et dit Vous n’en vouliez pas autrefois, vous faisiez les dĂ©goĂ»tĂ©es, et moi seule j’ai acceptĂ© un Ă©poux qui ne ressemblait Ă  rien ; et maintenant il est redevenu un homme beau et noble, nous sommes mariĂ©s depuis longtemps, Dieu le sait, celui qui nous sĂ©parera n’est pas encore nĂ©30! » 31 Nabi prophĂšte ». À Kei, sont nommĂ©s ainsi deux esprits proches du dieu dont l’un, masculin, prot ... 32 Le corps est aussi appelĂ© ilin ran le contenu, l’intĂ©rieur de la peau ». Ran vient de ralan l ... 56Dans cette histoire, l’enfant qui roule, fait d’une coquille bivalve sans bras ni jambes, est un corps privĂ© de ses membres, un tronc seul, partie centrale et supĂ©rieure du corps, ou encore la partie prise pour le tout le tronc mis pour le corps dans les prestations de mariage. Cette peau, la coquille, enveloppe un ĂȘtre supĂ©rieur, dont la beautĂ© et la noblesse sont manifestes sans le support d’un principe corps, c’est donc un principe de vie supĂ©rieur, mais visible. Les gens trouvent qu’il ressemble Ă  un envoyĂ© de Dieu, duad nabi31, c’est dire qu’il est du cĂŽtĂ© de ceux qui contrĂŽlent le principe de vie. Peau et corps sont Ă©quivalents, mais comme on le sait, le corps n’est que l’aspect visible du principe de vie32. L’ĂȘtre montre ses capacitĂ©s complĂštes il roule sur lui-mĂȘme, mais est capable d’attraper les plus gros poissons et animaux marins. Il peut se marier. Cette peau enveloppe un homme complet, le plus noble possible. Pourtant, s’il n’a pas un dĂ©faut de principe de vie, il a un dĂ©faut de corps, il est une coquille sans membres. De nouveau la mĂšre est en cause, la mĂšre de sa mĂšre l’élĂšve elle reprĂ©sente sans doute les affins d’affins, mais il est Ă  la fois dĂ©truit puis sauvĂ© par ses propres affins, pourvoyeurs de corps en principe Ă  la gĂ©nĂ©ration suivante, ceux de ses propres enfants. On peut supposer que les femmes sa mĂšre et sa propre Ă©pouse sont originaires de la mĂȘme maison si le mariage avec la cousine croisĂ©e matrilatĂ©rale a Ă©tĂ© rĂ©gulier. On peut aussi prendre en compte les sauts de gĂ©nĂ©rations sa grand-mĂšre l’élĂšve, sans lui donner de corps, alors que sa mĂšre devrait le faire la mĂšre de sa mĂšre reprĂ©sente les affins de son propre pĂšre ; ses propres affins lui donnent un corps, alors qu’ils devraient le donner Ă  leurs enfants. Dans une mauvaise relation avec ses affins, ceux-ci en le privant de coquille le privent de corps, de contenant. Le corps est l’élĂ©ment liĂ© Ă  la relation entre maisons, et particuliĂšrement Ă  celle du frĂšre de la mĂšre. Dans une sociĂ©tĂ© oĂč la rĂšgle est le mariage avec la cousine croisĂ©e matrilatĂ©rale, on peut aller jusqu’à dire que ceux qui lui brisent sa peau sont ceux-lĂ  mĂȘmes qui sont Ă  l’origine de ce corps-coquille-tronc. 57PrivĂ© de cette relation fondamentale constitutive de tous les ĂȘtres humains nobles – la relation Ă  des maisons –, il perd presque l’existence. RejetĂ© par sa mĂšre, Ă©levĂ© par la mĂšre de sa mĂšre donc ceux qui sont responsables du principe-corps, il se rĂ©alise comme noble et ĂȘtre humain par son mariage mariage dans son ordre social ; il est noble et Ă©pouse la fille d’un raja ; il donne la compensation matrimoniale, et survit aprĂšs la reconnaissance de sa noblesse et de son existence par ses propres affins. 58Dans le premier mythe textes I et II, la relation Ă  Dieu est mauvaise et concerne le principe de vie, qui apparaĂźt sous la forme d’une partie de corps ; dans cette deuxiĂšme histoire, la relation aux maternels et aux affins est mauvaise, et concerne le principe corps/peau, qui enveloppe un principe de vie supĂ©rieur, visible sous la forme d’un tronc partie mise pour le tout sans membres. 59Enfin, une derniĂšre histoire, celle du raja qui a sept Ă©pouses, semble inverser les sĂ©quences des deux premiĂšres, avec les mĂȘmes Ă©lĂ©ments. Cela commence toujours par une naissance. 60Il existe deux versions rapportĂ©es par H. Geurtjens 1924 33, 107, prĂ©sentĂ©es briĂšvement ici. Texte IVLa septiĂšme co-Ă©pouse appelĂ©e Watwarin, femme cadette d’un raja noble est enceinte. Le raja part en voyage au loin. Elle est maltraitĂ©e par les six autres stĂ©riles refus de nourriture, elle accouche de cent garçons et d’une fille qui naĂźt avec en mains un petit couteau et une pierre de foudre, immĂ©diatement jetĂ©s Ă  la mer Ă  la dĂ©rive dans une caisse par les six co-Ă©pouses qui de plus font subir Ă  leur mĂšre Watwarin des sĂ©vices corporels elles lui bouchent les yeux et les oreilles comme on le fait pour saler un poisson. De multiples pĂ©ripĂ©ties permettent leur survie et se manifestent alors les facultĂ©s extraordinaires du fait de sa noblesse de l’unique fille maison et bateau qui apparaissent par enchantement, rencontre de son pĂšre le raja qui veut l’épouser, mĂ©tamorphoses des frĂšres en chĂšvre puis en humain de nouveau, mort et rĂ©surrection du raja. Finalement, c’est le retour au village d’origine, les six mauvaises co-Ă©pouses sont confondues et sanctionnĂ©es le voilier est tirĂ© au sec en roulant sur leurs corps mis Ă  la place de rondins perpendiculairement Ă  la quille, et leurs corps sont Ă©crasĂ©s en leur milieu. La jeune fille a pitiĂ©, propose de les retransformer en humain, dĂ©coupe leurs corps par le milieu avec son petit couteau de naissance pour les dĂ©tacher de la quille du bateau qui du coup glisse vers la mer, les corps sont en deux morceaux, elle les refait entiers kinomĂłn avec sa pierre noire [ elle fait en sorte que le cƓur et la peau refasse un entier »]. Les six mauvaises co-Ă©pouses deviennent ses dĂ©pendantes et la servent. Elles continuent cependant Ă  ĂȘtre jalouses, la jeune fille meurt, puis le raja inconsolable meurt Ă  son tour. 33 D’autres histoires Ă©voquent le passage du voilier sur des corps, dans certains cas comme sanction d ... Texte VDans la seconde version, plus courte, la septiĂšme co-Ă©pouse Watwarin, aprĂšs le dĂ©part du raja au loin Ă  Java, est abandonnĂ©e sur un rĂ©cif en pleine mer par les six mauvaises co-Ă©pouses. Elle transforme le rĂ©cif en petite Ăźle oĂč elle accouche d’un garçon. Elle le transforme en oiseau blanc qui scrute la mer du haut d’un arĂ©quier qui a poussĂ© lĂ . Ils sont finalement repĂ©rĂ©s par le bateau du raja de retour de Java, ils sentent mauvais, sont lavĂ©s et habillĂ©s, mis dans le coffre Ă  tissus offert aux six mauvaises co-Ă©pouses, qui s’évanouissent quand elles voient le contenu. Le bateau est remorquĂ© sur leurs corps, qui sont Ă©crasĂ©s [au point que les dents sont mises Ă  nu »]. L’oiseau redevient un homme. Il dĂ©coupe les rondins-femmes en leur milieu avec son petit couteau. Il oriente son couteau vers les corps qui redeviennent entiers, il rĂ©pĂšte son geste, les corps bougent une fois encore, et elles ouvrent les yeux, encore, elles se lĂšvent et s’assoient, encore et elles s’accroupissent, encore et elles se mettent debout, encore et elles s’enfuient. L’une cuisine pour lui, l’autre balaye la cour, l’autre lave ses vĂȘtements, l’autre puise son eau et ramasse son bois. Elles sont ses dĂ©pendantes iri, servantes attachĂ©es Ă  sa maison33. 34 Rappelons que le bateau est Ă  Kei comme l’image de la sociĂ©tĂ© Barraud 1985, 1995. 61Une fille dans une histoire, un garçon dans l’autre, aprĂšs avoir sauvĂ© leur mĂšre, redonnent la vie aux co-Ă©pouses de leur mĂšre, coupĂ©es en deux morceaux. Ici, la coupure est dans l’autre sens. Ce sont des corps entiers, devenus rondins ou cales du voilier, Ă©crasĂ©s par la quille, et pour leur redonner vie l’enfant est obligĂ© de les couper en deux, de les dĂ©tacher de la quille en les dĂ©coupant dans le sens horizontal les deux parties du corps sont remises ensemble par une nouvelle peau, c’est-Ă -dire un nouveau corps. Leur vie revient, mais leur corps est alors celui des dĂ©pendants, rĂ©duits Ă  des membres. Et il s’agit de cales de bateau34 ; les cales sont comme un soutien, les bras et les jambes. La mise en dĂ©pendance est effectuĂ©e en coupant les corps par leur milieu dans le sens horizontal. Tout est donc inversĂ© dans cette histoire, le dĂ©roulement de l’histoire d’abord, la relation entre gĂ©nĂ©rations les co-Ă©pouses deviennent des dĂ©pendantes dont le terme d’adresse est neveux-niĂšces » des enfants de l’hĂ©roĂŻne, le sens de la dĂ©coupe haut-bas qui libĂšre les femmes et le voilier. Les femmes, cependant, doivent ĂȘtre refaçonnĂ©es, et lĂ  interviennent des Ă©lĂ©ments que l’on trouve ordinairement associĂ©s Ă  la construction et aux rituels pour le voilier. Les rondins sur lesquels repose la quille du voilier en construction sont comme la mĂšre » du voilier, nourris d’offrandes lors de sa construction, les deux pierres noires sont utilisĂ©es lors du rituel du premier voyage du voilier. L’ensemble du cĂ©rĂ©monial du voilier est en relation avec la naissance et les rituels de naissance Barraud 1995. On est donc ici encore dans la venue au monde social. 35 Voir supra, n. 23, p. 60. 62La coupure du corps dans le sens horizontal rappelle la partition figurĂ©e du noble qui se marie hors de son ordre social cf. supra. Ce type de partition entre le haut et le bas semble indiquer le rejet de ce qui est mauvais pour garder une partie censĂ©e ĂȘtre meilleure. Dans le mythe ci-dessus, l’ensemble du corps recomposĂ© » est considĂ©rĂ© comme mauvais, ou du moins, mĂ©rite d’appartenir Ă  l’ordre des dĂ©pendants. Il existe un cas rituel de partition horizontale, non d’un corps mais du voilier, homologue du corps humain. Il s’agit du voilier des maladies, voilier miniature constituĂ© de la partie avant seulement de la coque, envoyĂ© en mer pour Ă©loigner les maladies de l’üle. Sa forme suggĂšre sans Ă©quivoque l’impossibilitĂ© de son retour. Il part chargĂ© de ce qui est mauvais et ne doit pas revenir. La coupure des corps dans le sens horizontal est donc conceptualisable en relation avec l’idĂ©e de mauvais, nuisible, dangereux, associĂ© Ă  l’ordre des dĂ©pendants35 et Ă  la partie basse du corps noble dĂ©chu. 63Sur le plan du rapport Ă  la sociĂ©tĂ©, les trois types d’histoire montrent trois maniĂšres diffĂ©rentes d’ĂȘtre partagĂ© et trois types de relations sociales. La premiĂšre qui prĂ©suppose la dualitĂ© symĂ©trique de deux parties, la rĂ©union de deux parties identiques, figure le non-ĂȘtre. On voit l’enfant en partie constituĂ©, avec une partie de torse, c’est-Ă -dire la partie centrale tronquĂ©e. C’est un ĂȘtre pour partie vivant, mais pas encore un ĂȘtre humain social. Il va lui-mĂȘme chercher son autre moitiĂ© auprĂšs du pourvoyeur de principe de vie, le dieu. Quand il revient, on voit son corps, on le prend pour un Ă©tranger, c’est-Ă -dire non encore intĂ©grĂ© dans la sociĂ©tĂ©. Dans l’une des deux versions, il rencontre deux imbĂ©ciles, eux aussi non socialisĂ©s puisqu’ils n’ont pas le temps de faire autre chose. Les conseils du dieu les libĂšrent. La socialisation deviendra alors possible pour tous, devenus des ĂȘtres humains complets, dans le cas de l’enfant Ă  partir d’un principe de vie entier dans un corps reconnu comme tel, dans le cas des deux hommes, Ă  partir de leur possible participation aux activitĂ©s sociales. 64Dans la deuxiĂšme histoire, celle de la pholade, l’ĂȘtre humain complet est enveloppĂ© d’une coquille sans membres, une partie centrale sans cĂŽtĂ©s, recouvrant un homme noble, dont le contenu, lorsqu’il devient visible, est supĂ©rieur. La socialisation n’est cependant pas bonne rejet par sa mĂšre, mais le mariage lui fait recouvrir sa forme complĂšte provisoirement. La mauvaise relation avec les affins met son corps en pĂ©ril destruction de l’enveloppe-coquille, puis les soins que ces derniers donnent Ă  son corps d’homme social mariĂ© et la reconnaissance par les affins relancent sa vie et celle de la sociĂ©tĂ©. Les affins apparaissent comme les garants du principe corps de l’ĂȘtre, comme le souligne le nom des prestations de mariage qu’ils offrent, nourrir-habiller » avec des assiettes et des tissus » les membres de la maison oĂč s’est mariĂ©e une femme. 65La troisiĂšme histoire prĂ©sente des ĂȘtres complets, femmes mariĂ©es, socialisĂ©es, nobles, Ă©pouses de raja. Leur mauvais comportement les rĂ©duit Ă  remplacer des rondins, Ă  ĂȘtre coupĂ©es de leurs relations sociales traditionnelles et Ă  devenir des dĂ©pendantes, dĂ©tachables de la maison comme leurs corps l’ont Ă©tĂ© de la quille du voilier. Dans ce cas, les corps sont coupĂ©s en deux, dans le sens horizontal, comme celui du noble, qui, aprĂšs le mariage avec une femme d’un autre ordre social est coupĂ© » en deux le bas appartient Ă  l’ordre des dĂ©pendants, le haut est noble. L’absence de symĂ©trie entre les deux parties, le haut et le bas du corps, signale l’orientation en valeur de ce dĂ©coupage. 66Sur le plan des sĂ©quences du mythe, dans toutes les histoires, il y a d’abord une naissance qui, si elle est bien faite, devrait ĂȘtre la mise en place d’un ĂȘtre humain social, principe-corps et principe de vie confondus. Cet ĂȘtre n’est complet, selon les critĂšres de la sociĂ©tĂ© de Kei, que dotĂ© des attributs de la maison Ă  laquelle il appartient, maison qui elle-mĂȘme n’a d’existence que dans la relation aux autres maisons. Dans le rapport Ă  ces relations constitutives, tous les ĂȘtres ne sont pas complets, socialisĂ©s de la mĂȘme maniĂšre. Les diffĂ©rents statuts reflĂštent la prĂ©sence ou l’absence de relations. 67En rĂ©fĂ©rence Ă  cette prĂ©tendue naissance, il faut souligner, dans ces trois mythes, le contraste entre l’absence de relations dans le premier, et les mauvaises relations dans les deux autres. Comme on l’a signalĂ© plus haut, les mauvaises relations ont pour consĂ©quence une diminution du corps, ici tronc seul ou corps coupĂ© en deux Ă  l’horizontale. Le premier mythe, en revanche, Ă©voque la non-relation. Dans le texte I, Un CĂŽtĂ© n’a pas de sexe et son sexe n’a d’ailleurs pas d’importance, il n’a pas non plus de nom. Il est appelĂ© ko, petit », untel ». Nulle part il n’est nommĂ© par le terme enfant », yanan, qui poserait la relation Ă  la mĂšre. Celle-ci est gĂ©nitrice, mais non mĂšre. Appeler l’enfant yanan, terme de parentĂ©, serait l’inclure dans une relation de parentĂ© oĂč son sexe serait significatif, en tant que frĂšre ou sƓur, Ă©poux ou Ă©pouse, c’est-Ă -dire en tant que partie d’une paire ou d’un couple significatif. Dans le mythe, l’ĂȘtre n’est mĂȘme pas encore un entier. 68Il y a ensuite un rapport Ă  la nourriture la donner, la refuser, pĂȘcher ou chasser ; il y a une sortie du territoire vers la montagne du dieu, vers un autre village, en mer, au loin, vers Java, puis, retour avec une reconnaissance sociale, distincte selon les histoires, et selon qu’elles portent sur tel ou tel constituant des ĂȘtres principe de vie, principe-corps, appartenance aux maisons. Ces diffĂ©rentes Ă©tapes correspondent aux Ă©tapes de la constitution des ĂȘtres humains sortie de la maison, reconnaissance des relations entre maisons et de la relation Ă  un territoire donnĂ©. 69Enfin, sur le plan du rapport entre partie et totalitĂ©, les trois mythes, qui prĂ©sentent des ĂȘtres tronquĂ©s un ĂȘtre non encore humain qui n’a qu’un cĂŽtĂ©, un ĂȘtre sans membres dont le contenu est noble, des ĂȘtres humains coupĂ©s en deux Ă  l’horizontale du fait de leurs malversations et devenus dĂ©pendants confirment l’hypothĂšse que la symĂ©trie celle qui est infĂ©rĂ©e par un corps qui serait partagĂ© en son milieu suggĂšre un non-ĂȘtre. La dissymĂ©trie de deux parties jamais Ă©quivalentes corps sans membres, corps divisĂ©s en partie haute et partie basse non symĂ©triques, auxquelles sont attribuĂ©es des valeurs diffĂ©rentes comme parties d’un tout composĂ© de deux cĂŽtĂ©s opposĂ©s Ă  une partie centrale, figure au contraire la complĂ©tude deux plus un. Dans le cas du mythe d’Un CĂŽtĂ©, la division du corps exprime le degrĂ© zĂ©ro des relations constitutives des ĂȘtres relation incomplĂšte de principe de vie avec le dieu et l’univers, en l’absence de relation de principe-corps rĂ©sultant de la reconnaissance de la relation entre maisons. Dans cette optique, le deux et la symĂ©trie figurent la non relation et l’impossibilitĂ© de la relation, le trois et la dissymĂ©trie figurent la relation, la potentialitĂ© pour la sociĂ©tĂ© de concevoir la relation. La sociĂ©tĂ© – contemporaine – Ă  laquelle nous appartenons, a conçu l'idĂ©e que Dieu – l'unitĂ© originelle – est une invention de l'homme, quoique certains de ses membres pensent plutĂŽt que la dĂ©itĂ© est une dĂ©couverte humaine qui s'est produite Ă  une certaine Ă©tape de l'histoire. Dans les deux cas c'est l'homme qui crĂ©e Dieu, en contradiction absolue avec ce que soutiennent Ă  l'unanimitĂ© toutes les traditions et civilisations dont on ait mĂ©moire, lesquelles affirment et Ă©tablissent la juste relation hiĂ©rarchique entre le crĂ©ateur et sa crĂ©ature. Cette interversion flagrante trouve logiquement sa source dans la mĂ©connaissance du sacrĂ© que nous avons actuellement, ce pour quoi nous sommes inconsciemment obligĂ©s "d'humaniser" le concept de Dieu, le rendre anthropomorphe – ce qui revient Ă  rabaisser la dĂ©itĂ© au niveau de la pensĂ©e et de la conception humaines – et la rĂ©duire Ă  l'Ă©chelle de l'homme d'aujourd'hui et Ă  l'Ă©troitesse de sa vision. Alors ce dernier ne trouve rien de mieux que de faire mourir les dieux, ne plus "croire" en eux mais plutĂŽt en "l'humain" – ce qui est hĂ©las pris comme un progrĂšs – comme s'il Ă©tait possible que les Ă©nergies cosmiques et harmoniques, dont les principes sont l'expression des dĂ©itĂ©s, cessent d'ĂȘtre ou d'exister par le simple biais de leur nĂ©gation. Nous sommes accoutumĂ©s Ă  songer aux panthĂ©ons grec, romain, Ă©gyptien, chaldĂ©en ou maya – ou encore Ă  ceux de juifs, chrĂ©tiens, islamiques, hindouistes et bouddhistes –, comme si leurs dieux Ă©taient propriĂ©tĂ© privĂ©e de ces peuples et religions et que, de surcroĂźt, ils soient entiĂšrement distincts les uns des autres, d'identitĂ©s parfaitement diffĂ©renciĂ©es dans un imaginaire systĂšme de classification. La rĂ©alitĂ© du sacrĂ© est ainsi rĂ©duite Ă  la capacitĂ© "spĂ©culative" de l'homme – ou Ă  l'Ă©tiquette sur un casier – et cependant l'on n'observe pas que ces mĂȘmes hommes reconnurent la dĂ©itĂ© au travers des "nombres" ou mesures harmoniques, patrons ou moules de pensĂ©e universelle et expression des archĂ©types toujours prĂ©sents – comme parties constituantes du cosmos comme le reflĂštent leurs calendriers – que les symboles reprĂ©sentent et dont la force-Ă©nergie n'a cessĂ© ni ne cessera de se manifester tant qu'existeront le temps et l'espace. C'est ce qui a lieu dans les astres et les Ă©toiles – en particulier le Soleil, la Lune, VĂ©nus et les PlĂ©iades –, sur un certain plan symboles des dieux, planĂštes et constellations qui ont d'ailleurs survĂ©cu aux grecs, romains, Ă©gyptiens, chaldĂ©ens et mayas et que l'on peut encore observer Ă  l'Ɠil nu par les nuits dĂ©gagĂ©es. Ces astres et ces Ă©toiles tĂ©moignent des Ă©nergies cosmiques qui sont l'expression des principes divins, et il est indispensable de rappeler que ce sont les mĂȘmes astres et Ă©toiles que contemplĂšrent dans la voĂ»te cĂ©leste – il y a Ă  peine cinq siĂšcles, avant la "dĂ©couverte" de l'AmĂ©rique – les peuples prĂ©colombiens, qui les assimilĂšrent dans leur cosmogonie Ă  certaines idĂ©es-forces, dont ils expriment la manifestation – visible en toutes choses – dans l'immensitĂ© du ciel, duquel dĂ©pendent la terre et l'homme. D'autres personnes habitent sous le firmament, sur la terre que labourĂšrent les antiques civilisations amĂ©ricaines ; mais les nombres et les astres – incarnations des principes Ă©ternels – sont toujours les mĂȘmes et demeurent aussi vivants que les dĂ©itĂ©s, lesquelles continuent d'ailleurs de s'exprimer comme des phĂ©nomĂšnes naturels et atmosphĂ©riques, et des Ă©nergies animistes et spirituelles toujours prĂ©sentes dans la crĂ©ation. Car il est connu que les dieux ne meurent pas et c'est lĂ  prĂ©cisĂ©ment ce qui les a faits immortels de tout temps et en tout lieu. Plus exactement, ils le sont parce qu'ils sont morts Ă  la mort et ne peuvent plus mourir. Le dieu sacrifiĂ© ressuscite, se rĂ©gĂ©nĂšre et transforme ses Ă©nergies en les cristallisant dans le ciel – sa vĂ©ritable demeure et sa provenance – sous forme de planĂšte, symbole du principe dont ce dieu tĂ©moigne de maniĂšre active et manifeste. Et mĂȘme, les dieux sont antĂ©rieurs Ă  cette crĂ©ation et c'est de fait leur sacrifice qui la produit "alors qu'il faisait encore nuit", selon nous le dit le mythe teotihuacain. Fondation de TenochtitlĂĄn, Codex Mendoza Les cosmogonies prĂ©colombiennes constituent une modalitĂ© de la Cosmogonie archĂ©typale – dans laquelle l'homme est inclus – au-delĂ  de toute spĂ©culation personnelle et malgrĂ© ses diffĂ©rents modes d'expression en accord avec les caractĂ©ristiques d'espace, de temps ou de procĂ©dĂ©s, qui tout Ă  la fois voilent et dĂ©voilent son contenu originel, son essence. Pour cette raison ces cosmogonies demeurent vivantes aujourd'hui, dans leurs symboles et dans leurs mythes, qui attendent d'ĂȘtre revivifiĂ©s par la connaissance, par leur invocation, pour que se rĂ©vĂšle dans toute sa magnitude leur Ă©nergie potentielle. Les anciens hommes ont disparu, mais non leurs dieux Ă©ternels – QuetzalcĂłatl, KukulkĂĄn, Viracocha – qui cohabitent toujours avec nous et forment une grande partie de l'histoire de nos pays amĂ©ricains et, encore que nous n'en soyons pas conscients, de notre propre histoire. Il est vrai que – en AmĂ©rique du Nord, Centrale et du Sud – plusieurs millions de personnes les invoquent grĂące aux rites anciens traditionnels, ainsi que sous diverses formes religieuses ou teintĂ©es de folklore. La dĂ©itĂ© quant Ă  elle, est la mĂȘme pour tous les peuples qui la connaissent, qu'ils la nomment d'une façon ou d'une autre et quelle que soit la forme particuliĂšre qu'elle prenne ; cette assertion vaut pour toutes les traditions, vivantes ou mortes, puisque finalement la dĂ©itĂ© est unique, encore que ses manifestations soient multiples. Lorsque les sages nahuas, les tlamatinimes furent interrogĂ©s par les douze premiers religieux catholiques arrivĂ©s au Mexique au sujet de leurs croyances et qu'ils apprirent de la bouche des inquisiteurs que leurs dieux n'existaient plus, ils demandĂšrent Ă  mourir avec eux. Ils acceptĂšrent plus tard de parler calmement "Nous romprons un peu, maintenant nous ouvrirons un petit peu le secret, l'arche de Notre Seigneur". "Vous nous dĂźtes que nos dieux n'Ă©taient pas vĂ©ritables. Cette parole est nouvelle, celle que vous parlez, et par elle nous sommes perturbĂ©s, et par elle nous sommes troublĂ©s. Car nos gĂ©niteurs, ceux qui ont Ă©tĂ©, n'avaient pas coutume de parler ainsi". Ensuite ils dĂ©crivirent et Ă©numĂ©rĂšrent, de maniĂšre simple afin d'ĂȘtre compris, une sĂ©rie d'images de la divinitĂ©, la tradition et le rite qui, soit dit en passant, correspondent Ă  leurs analogues chrĂ©tiens. Puis, rĂ©capitulant "Nous, nous savons Ă  qui l'on doit la vie, Ă  qui l'on doit de naĂźtre, Ă  qui l'on doit d'ĂȘtre engendrĂ©, Ă  qui l'on doit de grandir, comment il faut invoquer, comment il faut prier". Au travers de leurs propres paroles l'on peut rĂ©ellement observer que les tlanatinimes n'arrivaient pas Ă  comprendre cette situation qui les dĂ©passait. Comment les hommes pouvaient-ils supprimer les dieux par dĂ©cret ? Et comment l'unique rĂ©alitĂ©, la vĂ©ritĂ©, pouvait-elle ĂȘtre annihilĂ©e par l'ombre et l'illusion ? Écoutons-les "Vraiment nous ne croyons pas encore, nous ne le tenons pas pour vrai, encore que cela nous offense".2 OffensĂ©s ou non, les conquistadors abolirent leur image du monde, de l'espace et du temps, leur conception de la vie et de l'homme, leurs mythes et leurs rites, et dĂ©truisirent la presque totalitĂ© de leur culture. Et, puisque malheureusement ces cultures sont mortes en apparence, nous devons pour les comprendre suivre un difficile processus de reconstruction au travers de leurs vestiges, rĂšgles et monuments incomplets, de chroniques des conquistadors et de divers tĂ©moignages, ainsi que quelques lambeaux encore vivants du folklore, la danse, les motifs de tissage et de vannerie, etc. Mais aussi et surtout nous mettrons l'accent sur leurs symboles et mythes cosmogoniques et thĂ©ogoniques clairs et prĂ©cis, qui aient leurs correspondances chez d'autres peuples, y compris leurs modĂšles de l'univers et leurs structures culturelles – mises en Ă©vidence par exemple dans la symbolique de leurs constructions Ă  la base gĂ©omĂ©trique et numĂ©rale –, qui nous permettront par analogie d'apprĂ©hender les traditions amĂ©ricaines et d'en obtenir une idĂ©e suffisamment claire, au moins comme point de dĂ©part pour tenter de les comprendre dans leur essence, sans que leur signification ne soit synonyme que de tristes ruines et vieilleries dĂ©nuĂ©es de sens, ou d'un passĂ© inconnu, hypothĂ©tique et grandiose duquel l'on ignore tout. Par ailleurs et comme nous l'avons mentionnĂ©, malgrĂ© la mise Ă  sac, l'annihilation systĂ©matique et les multiples vexations subies, les traditions prĂ©colombiennes sont encore vivantes et en vigueur, rĂ©vĂ©lĂ©es par leurs symboles, dans leurs mythes et leur cosmogonie, dans leurs pensĂ©es archĂ©typales, leurs modules harmoniques et leurs dieux qui n'attendent que d'ĂȘtre revivifiĂ©s pour actualiser leur puissance ; c'est-Ă -dire ĂȘtre apprĂ©hendĂ©s, compris avec le cƓur, pour agir en nous. NOTES1 Desquels il est dit qu'ils doivent El libro de losDoce, chapitre VII du texte nĂĄhuatl publiĂ© par W. Lehmann. Traduction de Miguel LeĂłn Portilla. LIVRE LE SYMBOLISME PRÉCOLOMBIEN. CHAPITRE ICosmovision des Cultures ArchaĂŻquesFederico GonzĂĄlez. source

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